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JACQUES AUDIBERTI

Découvrez l'oeuvre et la vie de Jacques Audiberti

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LES ACTUALITÉS

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2020

3 novembre 2020 par AAJA

Allocution de Notre Président, Bernard Fournier:

 Avec Cocteau, Fargue, Paul Fort, Saint-Pol-Roux, [Valéry] fut de ceux qui m’accueillirent, copain compagnon, dans je ne sais plus quel endroit de nappes et d’assiettes, vers la fin de l’année [sic] trente-huit quand j’avais des bosses aux genoux de mes pantalons, afin de me décerner un certain prix, le prix Mallarmé. Le montant du prix consistait, surtout, dans cet inestimable rendez-vous avec la poésie française en chair et en os. Ils m’accueillirent par un tutoiement immédiat. Il y avait Gérard d’Houville, messagère filiale et nuptiale d’Henri de Régnier et de José Maria de Heredia qui me sourit. Il y avait encore André Fontainas et Ferdinand Hérold, bons lansquenets du symbolisme qui me traitèrent avec politesse, et Charles Vildrac. Il y avait Édouard Dujardin, solide malgré l’asthme et l’octogénariat, rasé au Gillette, venu au monde en même temps que Mallarmé, qu’il avait fréquenté alors qu’il portait, lui, Dujardin, une noire barbe carrée et, à ses doigts, des émeraudes hérodiennes. Féru du sociologue Durkheim et, chez nous, l’un des premiers en date zélateurs d’un musicien étranger nommé Richard Wagner, Édouard Dujardin venait de fonder l’Académie Mallarmé, qui m’accueillait. Saint-Pol-Roux m’écrasait contre sa barbe : ‘Tu es content, mon fils ?’

C’est ainsi qu’Audiberti, jeune poète inconnu, fut reçu par l’Académie Mallarmé le 29 juillet 1938 chez Drouant.

Jean Paulhan répond à Audiberti pour calmer ses peurs. « Dites-vous bien que c’est vous qui avez distingué l’Académie Mallarmé et non pas elle vous. Enfin, ne vous séparez pas de l’un de l’autre et soyez sûr que je prends, en tout cas votre parti au moins autant que vous-même. »

 Ne peut-on pas effectivement penser, et la réception par le Maire d’Antibes en est le signe, que le Prix Jeune Audiberti vient rehausser le prestige du Prix Audiberti de la ville d’Antibes par le même coup qu’il honore son lauréat.

Certes, l’Association des Amis de Jacques Audiberti n’est pas le fantôme du mouvement symboliste, pas plus qu’elle n’est une Académie vouée au culte de Mallarmé ; certes le Prix Jeune Audiberti n’a pas eu cette importance que donnera la presse à l’Académie Mallarmé ; certes le jury de ce Prix n’est pas composé que de poètes. Mais on ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre ces deux premiers Prix. Et d’espérer que ce premier Prix Jeune Audiberti offre à son lauréat les mêmes ouvertures que donna à Audiberti le premier Prix Mallarmé. Et qu’il ouvre au jeune écrivain une aventure littéraire semblable.

Le lauréat s’appelle Théo Griffiths ; il est mi anglais, mi français ; mi gardois, mi parisien ; mi littéraire, mi philosophe. Et cette triple ambivalence est déjà révélatrice d’un éclectisme qui aurait plu à Audiberti.

Notre lauréat, malgré son jeune âge, a déjà une culture impressionnante qui a charmé son auditoire, et notamment le lauréat du Grand Prix Audiberti, Frédéric Vitoux, lors de sa venue à Antibes le jeudi 16 octobre 2020.

Le Mal court, Audiberti avait raison. Même s’il ne pensait pas à cette pandémie, on croit à sa préscience.

Mais réjouissons-nous tout de même des merveilles qu’offre l’internet qui nous permet ces visio-conférences auxquelles nous commençons à nous habituer.

Et en tous cas, portez-vous bien et protégez-vous.

Je vous remercie.

Télécharger le bulletin de liaison n°31

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PRIX JEUNE AUDIBERTI 2020

16 octobre 2020 par AAJA

Bernard Fournier, Président de l’Association, résume la remise du Prix Jeune Audiberti 2020 le 16 octobre 2020

Le lauréat s’appelle Théo Griffiths ; il est mi anglais, mi français ; mi gardois, mi parisien ; mi littéraire, mi philosophe. Et cette triple ambivalence est déjà révélatrice d’un éclectisme qui aurait plu à Audiberti.
Notre lauréat, malgré son jeune âge, a déjà une culture impressionnante qui a charmé son auditoire, et notamment le lauréat du Grand Prix Audiberti, Frédéric Vitoux, lors de sa venue à Antibes le jeudi 16 octobre 2020.

L’adjointe au maire d’Antibes, déléguée à la culture, Simone Torrès Forêt-Dodelin, a présenté le Prix Jeune Audiberti ; Marie-Louise Audiberti avec Bernard Fournier, Président de l’Association des Amis de Jacques Audiberti, a ensuite indiqué que l’initiatrice de ce concours était  Nelly Labère, maître de conférences HDR à l’Université de Bordeaux Montaigne.

Le jury a reçu une quarantaine de textes. Les candidats, en majorité des candidates, sont âgés de 18 à 20 ans, et viennent de presque toutes les régions de France avec une prédilection pour l’Île-de-France, les Hauts de France, et, pour la majorité, de la région PACA, avec cinq candidats pour la seule ville d’Antibes, ville natale d’Audiberti.

 Le jury s’est rencontré par internet, physiquement et bien sûr, par courriels. Il a lu et relu les textes proposés, s’est enthousiasmé, a refusé, a repris, a convaincu, s’est laissé convaincre et s’est finalement décidé à l’unanimité pour « La Forme du jour » de Théo Griffiths, reçu à la toute dernière heure.

Notre lauréat est un jeune homme fort sympathique, cultivé, féru de littérature. Il prépare un master 2 à l’université de Paris-Sorbonne.

Le texte primé est morcelé, découpé en une vingtaine paragraphes de longueurs très variables, d’une seule ligne à une page. Et ce qui frappe et emporte d’emblée, c’est bien sûr le caractère essentiellement poétique de cet ensemble.

L’incipit donne le ton : « L’aube fraîche et lumineuse saigne entre les branches » avec une suite de phrases nominales qui renchérissent sur la poésie, telle ce « Ciel cru, ciel bleu, déverse ta rauque lumière sur la vallée, sur la vallée et sur la ville ». Répétition avec variations, rythme et cette étonnante alliance de sensations entre le son et la vue. Cet incipit sera repris pour clore le tout, enfermant le texte dans une entité unique.

Après cette évocation de l’aube, nous avons une vieille dame qui attend, et de nouveau, la lumière. Puis vient une rivière et un homme qui la regarde, et de nouveau, un spectacle d’été avec la « dure élégance des agaves » ; des individus sont rapidement croqués, jeunes filles et leur portable, des sans-abris, des livreurs de pizzas.

Un poème s’intercale qui prend les cimetières dans l’ « Immobilité des arbres, de l’herbe, de l’heure » où l’on souligne le rythme soutenu par les monosyllabes aux proches sonorités.

Le poète est attiré par  « Tout ce qui nous échappe, tout ce que nous tentons avec insuccès de fixer » mais foudroyé par la « souveraineté de l’écriture ».

Le texte alors revient sur sa première phrase pour clore ses impressions poétiques.

Au total ce texte nous semble parfaitement maîtriser la prosodie pour donner au lecteur une sensation d’unité, unités de ton et de style.

  • Théo Griffiths
  • Théo Griffiths & Jean Léonetti, maire d’Antibes
  • Théo Griffiths & Jean Léonetti, maire d’Antibes
  • Bernard Fournier, Président de l’Association, Théo Griffiths et Marie-Louise Audiberti

Retrouvez toutes les informations sur le site du Prix Jeune Audiberti

Télécharger maintenant

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BRÈVE

18 mars 2020 par AAJA

Bernard Fournier, notre Président, nous parle d’Iveta Slavkova, et de son livre remarquable : Réparer l’homme, la crise de l’humanisme et l’Homme nouveau des avant-gardes autour de la Grande guerre (1909-1929), Les Presses du réel, 2020.

Iveta Slavkova, professeur assistant en histoire de l’art à l’Université américaine de Paris travaille sur la crise de l’humanisme autour des deux guerres mondiales. Dans ce livre, elle étudie avec précision et force détails les deux principaux mouvements qui ont réfuté l’humanisme, avant et après la première guerre mondiale : le futurisme de Marinetti et le Bauhaus de Gropius et Schlemmer. Ces deux propositions artistiques visent à réparer l’homme moderne morcelé et désorienté, en générant un Homme nouveau dont la force spirituelle et la grâce physique prennent source dans une guerre mythifiée. Ces deux mouvements ont eu des répercussions qui ont préparé le terrain aux fascismes et ont valorisé la destruction vue comme régénérescence. Ils sont les derniers mouvements porteurs de l’humanisme issu de la Renaissance. Cet humanisme est devenu un anti-humanisme.

C’est à partir de cette analyse qu’Iveta Slavkova retient la leçon philosophique de l’abhumanisme d’Audiberti et de Camille Bryen, « réquisitoire virulent et haut en couleur contre une humanité installée confortablement dans des valeurs présentables et bien pensantes, mais vides (…) » Et de citer le principe même de l’abhumanisme : « l’économie de l’univers n’a aucune raison de se soumettre aux investigations humaines », tiré de L’Ouvre Boîte, colloque abhumaniste (Gallimard, 1952). Audiberti et Bryen pensent qu’il faut redéfinir l’homme dans l’univers et réviser les notions de ‘nature’ et d‘essence humaine’ à l’aune des catastrophes historiques.

On ne peut que citer la phrase de conclusion de ce remarquable et synthétique ouvrage : « L’analyse de leur [futurisme et Bauhaus] ‘erreur épistémologique’ pourrait même nous inciter -et cela est paradoxal au regard de leur foi en l’humanisme- à vouloir entreprendre une « cure d’amaigrissement du sujet » ».

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LE GRAND PRIX LITTÉRAIRE JACQUES AUDIBERTI 2019

17 octobre 2019 par AAJA

PRIX JACQUES-AUDIBERTI : APRÈS TESSON, EL ASWANY

Romancier, nouvelliste et essayiste. Alan El Aswany est l’un des plus célèbres écrivains du monde arabe, engagé dans les valeurs de la démocratie. Son dernier ouvrage chez Actes Sud  s’est vendu à plus de 30000 exemplaires. Le jury présidé par Didier Van Cauwelaert le récompense du prix Jacques Audiberti pour l’ensemble de son œuvre.

Qu’est-ce que représente pour vous Jacques Audiberti ?

C’est un grand maître de la littérature. Il n’a pas été assez reconnu au niveau de son talent. Il avait une vision que j’aime  beaucoup de la vie et de l’être humain. C’est un honneur de vor mon nom associé au sien grâce à ce prix.

Vous qui luttez par vos écrits contre l’oppression, comment avez-vous vécu la chute du mur de Berlin dont on fête les 30 ans ?

 Je suis de gauche. Je suis socialiste. La grande leçon de ce qui s’est passé en Europe de l’Est et en Union Soviétique, c’est qu’on ne peut pas priver l’individu de sa liberté. Je pense que le socialisme nous a donné une manière de comprendre ce monde avec laquelle je suis plutôt d’accord. Je pense que l’Etat a un rôle à jouer pour protéger les classes les plus faibles. La chute du mur de Berlin a marqué la fin d’une époque. C’était symbolique. Il fallait qu’elle finisse. Vraiment.

Est-ce compliqué d’être écrivain dans un monde si bouleversé ?

Ce n’est pas un métier simple. D’ailleurs j’étais dentiste avant d’être écrivain. Je lutte contre toutes les formes de dictature par mes écrits. J’en suis donc la preuve vivante. Je suis d’ailleurs toujours interdit de séjour dans mon pays, l’Egypte, à cause de mes écrits. Mo dernier livre ne sortira jamais là-bas. On veut me trainer devant un tribunal militaire pour ce que j’ai écrit. Pourtant je n’ai rien fait de mal.  Etre écrivain a toujours été très compliqué en ce sens. On confond les personnages d’un roman et l’auteur. J’écris parce que je ne suis pas d’accord avec une certaine forme du monde. Je sais qu’il y a un certain prix à payer pour cela.

Quel sera votre prochain livre ?

J’ai choisi de faire un essai sur le syndrome de la dictature. C’est une étude, une recherche sur les dictateurs du XXème siècle ce qu’ils ont en commun. J’écris en même temps un roman sur Alexandrie dans les années 60. C’était la fin d’une époque cosmopolite.

Propos recueillis par Robert Yvon, Nice-Matin

  • Jean Léonetti, Alan El Aswani & Didier Van Cauwelaert
  • Les membres du Jury du Grand Prix Jacques Audiberti

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2019

16 avril 2019 par AAJA

Notre Président, Bernard Fournier, comme toujours, a ouvert la séance de l’Assemblée Générale 2019 par un texte poétique:

Qu’on observe ici le silence,
    Et qu’on révère la présence
De la divinité qui préside en ces lieux, 
Elle nous veut tirer des périls de la guerre,
    Et malgré plusieurs autres Dieux,
Elle veut que la Paix revienne sur la Terre.
    Reconnaissons que cette Paix
    Est le plus grand de ses bienfaits
.

Non, ne cherchez pas, ce n’est pas un poème d’Audiberti. Ce texte est de René Descartes composé à la fin de l’année 1649, à la demande de la reine Christine de Suède, pour un ballet destiné à fêter la fin de la guerre de Trente Ans.

Ces vers sont repris par Louis Aragon qui les coupe de prose pour un théâtre radiophonique en 1946.

Quel rapport, me direz-vous, avec Audiberti ?

C’est que, deux plus tard, en 1958, à l’initiative du Ministère de l’Éducation Nationale, Audiberti, avec le musicien André Jolivet, travaille sur le projet d’un anniversaire du traité de Westphalie de 1648 et compose un texte qui a pour base le poème de Descartes et qui en reprend le titre La Naissance de la paix. Mais on nous apprend bientôt que ces vers ne seraient pas de Descartes. On ne retrouve pas non plus le manuscrit d’Audiberti. La Paix est-elle donc introuvable ?

Elle fait en tout cas partie des nombreux projets qu’Audiberti a laissé sur son chemin d’écrivain. J’en donne quelques titres dont on notera le comique de certains à côté du très sérieux des autres. Du côté traditionnel on trouve La Rue de Londres, Le Calife, La Tante et enfin L’École des rois. Deux autres plus curieux :  Ces maisons, ces arbres… tiré du célèbre poème « Bagnolet » et Mourut naquit… Pour le comique nous avons : Les Couteaux dans le soutien-gorge ; Par le trou de la serrure et Taille-toi crayon . D’autres projets n’ont pas de titres mais sont quelque peu avancés à propos de personnages historiques tels que Trotski, Gengis Khan, Saint Simon ou même Saint Sébastien. Un autre sur la région du Hurepoix, et encore un sur le médicament Cuminel.

On est en droit alors de se poser la question : Audiberti a-t-il jamais écrit ?

Ainsi plus le temps passe, plus je cherche, plus je m’aperçois, que si Audiberti est déjà l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages, une bonne quinzaine d’autres sont inachevés. C’est assez impressionnant et ne laisse pas de nous interroger sur sa pratique de l’écriture. On a en mémoire les reproches que les critiques lui font d’ordinaire : logorrhée verbale, prurit ou digressions baroques, etc. Mais là, sans doute n’est pas la question.

L’écriture d’Audiberti a l’intention de s’affranchir des règles de la bienséance littéraire et de ses codes, les lettres d’Audiberti à son ami d’enfance Émile Condroyer le font entendre clairement que depuis le début, c’est-à-dire depuis 1930 : « Remarque, cher vieux, que, le bouquin achevé, on peut toujours lui donner les goûts de l’œuvre prépensée, et considère en outre qu’un véritable lyrique échappe, par la vertu de ses rigueurs vocabulaires, aisément au flatulent, à l’invertébré, au prosaïsme rythmé que mes présentes déclarations, d’ailleurs passablement nébuleuses, semblait vouloir ériger en système. (…) je veux cessant de m’asservir à quelque technique romancière, faire fi des retours, pièges-à-loups, astuces et épisodes autres que celles et ceux que ma plume invente dans sa furie à laquelle je ne demande que de s’abstenir de verser au surréalisme formel. (…) Je ne m’astreindrai plus à raconter une histoire élaborée. »

Il aime, dit-il « ouvrir des parenthèses qui submergent jusqu’au texte par excellence, vital et capital, et font dans l’idée de mon partenaire une greffe plus puissante et plus vivace, laissant loin derrière le point initial et générateur. »

Aussi nous, simples lecteurs, sommes-nous assignés à trouver un mode de lecture qui soit propre à l’œuvre d’Audiberti, qui réponde à son écriture. Si c’est une écriture, comme celle de Montaigne, à sauts et à gambades, alors faisons comme lui et lisons au fil de notre désir dans la liberté qu’offre la paix enfin retrouvée.

  • Bernard Fournier, Président de l’Association
  • Marie-Louise Audiberti, Agnès Ferroni, petite fille de Jacques Audiberti & Laurent Ponty, petit fils de Jacques Audiberti
Télécharger le bulletin de liaison n°30

Classé sous :ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

GRAND PRIX JACQUES AUDIBERTI 2018

18 octobre 2018 par AAJA

Décerné par la ville d’Antibes et attribué par un Jury de femmes et d’hommes de Lettres présidé par Didier Van Cauwelaert, le Prix Audiberti a été remis, pour cette année 2018, à Sylvain Tesson pour l’ensemble de son oeuvre et, sans doute, plus particulièrement pour « Un été avec Homère », son livre le plus récent. Pour l’écrire il est allé vivre un temps sur une île grecque des Cyclades, ainsi correspondait-il aux critères de ce prix donné à un livre en résonance avec l’oeuvre de Jacques Audiberti et en rapport avec la Méditerranée.

Sylvain Tesson conseille de remettre à plus tard toutes les contraintes du quotidien et de fermer les écrans pour lire (ou relire) au plus vite « L’Iliade » et « L’Odyssée », afin de découvrir ces oeuvres différemment de nos versions grecques – si tant est que le grec ait été une des matières de notre programme scolaire. Il décrit Homère comme un génie qui aurait inventé la littérature, ou comme une collectivité de poètes conteurs. Il avance même la probabilité d’un « ravaudeur » qui aurait rassemblé dans un style admirable des récits de tradition orale.

Il estime que lire Homère est un plaisir et que c’est lui qui aurait dû recevoir le Prix Audiberti ! Audiberti dont il a fait l’éloge dans son discours de remerciements, admirant l’humour de ce « poète de la drôlerie ».

Son père, Philippe Tesson, célèbre journaliste spécialiste de la critique théâtrale, lui a transmis l’amour des mots. Mais ce sont ses voyages qui ont été sa source d’inspiration et ont stimulé son imaginaire, sans pourtant écrire ce qu’on appelle de « la littérature de voyage ». Sa recette du bonheur, c’est une fenêtre ouverte sur le Lac Baïkal au fin fond de la Russie. L’âme slave ne cesse de l’obséder, cependant il ne veut être accroché à aucun lieu, ni par aucun lien et n’a d’ailleurs ni enfant, ni portable : aucune attache !

En 1991, il découvre l’aventure lors d’une traversée à vélo du désert d’Islande, et il enchaîne, en 1993 et 1994, avec un tour du monde toujours à vélo, mais cette fois avec un copain de lycée, Alexandre Poussin. Ce sera « On a roulé sur la terre », écrit à deux. Il a parcouru la planète par tous les moyens de locomotion, mais surtout à pied ou à bicyclette, allant jusqu’au sommet de l’Himalaya (5000 kms en 5 mois). Ses voyages sur toute la planète le ramènent à ses voyages intérieurs et à des mots qu’il préfère de loin aux photos. Pour écrire, il lui faut voyager de par le monde. Pas un continent ne lui est inconnu et chaque pays représente une source d’inspiration. Il écrit que « la nature féconde le regard, le regard nourrit l’inspiration, l’inspiration engendre l’oeuvre ».

On ne peut que constater combien « Un été avec Homère » est un hymne à la nature. Il y compare les sirènes de l’Antiquité au Google d’aujourd’hui qui sait tout de nous !

Il a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle en 2009, pour « Une vie à coucher dehors » et le prix Médicis Essai en 2011 pour « Dans les forêts de Sibérie », où il raconte son expérience solitaire dans une cabane isolée durant plusieurs mois. Ce best-seller a été adapté en film réalisé par Safy Nebbou, avec Raphaël Personnaz comme alter ego.

En tombant d’un toit, Sylvain Tesson a eu un grave accident, entraînant huit jours de coma et de nombreuses fractures, mais, après un temps de rééducation, il a repris au plus vite ses habitudes de lecture, d’écriture, et même d’escalade, faisant davantage attention en s’équipant de cordes

Quoi qu’il arrive il continuera à voyager et à grimper ici ou là, et ainsi offrira à ses groupies des lectures toujours passionnantes. 

Caroline Boudet-Lefort, Art Côte d’Azur

Sylvain Tesson fait une nouvelle déclaration d’amour à la planète maltraitée par ses habitants. Lui en confier le sort  ne serait pas une mauvaise idée. Il la nettoierait de ses déchets et de ses êtres néfastes, la débarrasserait de sa crasse, la ferait briller comme un sou neuf.

Vénus Khoury Ghata, Grand Prix Jacques Audiberti 2013, lors de la remise du Grand Prix Jacques Audiberti 2018 à Sylvain Tesson

  • Vénus Khoury Ghata, Grand Prix 2013 et membre du jury
  • Sylvain Tesson, Grand Prix 2018
  • Marie-Louise Audiberti, Jean Léonetti, Maire d’Antibes et Sylvain Tesson
  • Didier Van Cauwelaert entre Marie-Louise Audiberti et Jean Léonetti
  • Sylvain Tesson
  • Les membres du Jury
  • Sylvain Tesson

    Classé sous :PRIX JACQUES AUDIBERTI

    ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2018

    23 mars 2018 par AAJA

    Bernard Fournier, le Président de l’Association des Amis de Jacques Audiberti a ouvert la séance comme chaque année avec un texte brillant. 

    Audiberti riait.

    Il riait à gorge déployée, de tel bon mot, de telle situation cocasse, de telle allure apercue, entendue au cours de ses pérégrinations parisiennes ou antiboises.

    Audiberti riait.

    « Je dois être le dernier bipède qui larmoie à force de rire. Au cinéma, les films comiques me rendent malade […], je suis sans défense contre les calembours, bons mots et trouvailles ironiques. Je m’en délecte.« 

    « J’ai entendu ceci qui m’a [fait] rigoler comme une baleine d’eau douce. L’un dit : ‘partir c’est mourir un peu ; l’autre dit : ‘Partir c’est crever un pneu.« 

    Audiberti riait. Il riait sans pouvoir s’arrêter, secoué des pieds à la tête, vidé, désossé par le rire.[…] le rire, le fou rire, c’était son point faible, son vice collégien. Non seulement les bons mots, les dessins farce, mais il lui arrivait de mal réprimer un sanglot d’hilarité en présence de la bouffonnerie des objets et des lieux à tenir leurs rôles respectifs. Les soudures frontières et transitions au sein de l’univers, il ne pouvait y songer sans se tordre. A contempler, dans un jardin public, la ligne circulaire exacte et sérieuse où un grand couillon d’arbre immobile quitte et rejoint le sol, il frisait la crise de nerf. […] il s’esclaffait à perdre le souffle, prêt à exploser ». 

    Outre cette propension au rire, on sait Audiberti gourmand, vorace, comme une espèce d’ogre. Il a talent pour reprendre un terme occitan qu’il a employé pour titre d’un de ses romans. Il a « talent, comme ils disent dans le Cantal, et dans tout l’espace de la langue d’Oc. Talent… Désir… Appétit… J’ai la dent comme on dit dans les bistrots, et dans tout l’argot. J’ai faim. »

    On sait aussi que son passé de tourneur lui a donné le réflexe de lire les précipités des agences d’information telle Havas et d’en repérer la situation cocasse. En cela digne émule tant de Benjamin Péret que de Félix Fénéon.

    On sait aussi, bien sûr, qu’Audiberti est un passionné du langage et des mots ; des mots d’argot autant que des mots rares issus de tous les dictionnaires.

    Alors, quand ces trois « talents », l’appétit, la vie et les mots se réunissent, on peut s’attendre à des réactions surprenantes ;

    C’est ainsi que dans une lettre à Jean Paulhan, Audiberti évoque un fait-divers curieux : un homme a retrouvé, dans un pruneau d’Agen, une balle de fusil.

    Et Audiberti de s’étonner de la co-existence d’un pruneau dans un pruneau.

    Et Audiberti de rire.

    Le style d’Audiberti c’est cette intense jubilation, cet extrême plaisir. Le style d’Audiberti, c’est ce coup de fusil, c’est cette situation cocasse, c’est ce jeu avec les mots. Le style d’Audiberti, c’est un pruneau dans le pruneau.

    L’année 2017 fut, grâce à Nelly, précisemment une année jubilatoire avec le Cahier du Cinquantenaire et de l’anti-colloque, année jubilatoire avec le lancement du Prix Jeune Audiberti. Année jubilatoire, comme le style d’Audiberti.    


    Audiberti, lettre à Valery Larbaud du 10 janvier 1933, in L’Ouvre boîte, n° 5, pp. 3-5, 1976.

    Jacques Audiberti lettre n° 155, 1938 à Jean Paulhan, in Audiberti/ Paulhan, Lettres, Gallimard 1997, p. 276.

    Audiberti, lettre n° 34 à Jean Paulhan, début 1935, in Audiberti/ Paulhan, op.cit., p. 73.

    Audiberti, Infanticide préconisé, 1958, p. 17-18. C’est évidemment le héros de l’histoire dont il est question ici, Romain Tapon, dont j’ai changé le nom avec celui de son auteur, tellement les deux en maints endroits de ce roman peuvent se confondent.

    Audiberti, Talent, 1947, p. 131.

    Télécharger le bulletin de liaison n°29

    Classé sous :ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

    LE GRAND PRIX LITTÉRAIRE JACQUES AUDIBERTI 2017

    23 octobre 2017 par AAJA

    Créé en 1989, le Prix Audiberti récompense chaque année un auteur dont l’oeuvre est en résonance avec l’oeuvre de Jacques Audiberti et fidèle à la culture méditerranéenne. Cette année, il a été attribué à Arturo Pérez-Reverte, de l’Académie Royale d’Espagne, pour l’ensemble de son oeuvre.

    Star du roman d’aventures historiques en Espagne, Arturo Pérez-Reverte est l’écrivain espagnol le plus connu en France. 

    Diplômé de Sciences Politiques et journaliste, il a été grand reporter de guerre pour la télévision espagnole notamment pendant la crise du Golfe et en Bosnie. Il en garde des souvenirs terrifiants, par exemple celui d’un « snipper » choisissant froidement qu’elle serait sa cible. La cruauté était partout et il lui a fallu admettre combien la condition humaine est cruelle et que le grand danger de notre époque est l’oubli. Nombre d’hommes ont vécu des horreurs (guerre d’Espagne, Titanic, sida,…), mais ils oublient et la vie continue dans un perpétuel recommencement. Chacun s’installe dans la tranquillité, oublie et reste calme entre deux catastrophes. Vivre dans une bibliothèque est donc pour Arturo Pérez-Reverte plus qu’un refuge. Ses romans sont une synthèse entre un pessimisme lucide et une allégresse vitale.

    Lors de la remise du Prix, le Président du Jury, Didier Van Cauwelart, a rendu un vibrant hommage à Michel Déon, son prédécesseur, durant dix-huit ans, qui lui a cédé la présidence en 2007. Il a rappelé combien cet écrivain aimait les mots et disant que lire restera toujours un rempart contre l’obscurantisme. 

    Si, au cours de cette remise de prix, il a été beaucoup question de la Méditerranée, berceau culturel commun de la France et de l’Espagne, par contre Audiberti a été quelque peu oublié. Il faut dire que l’univers d’Arturo Pérez-Reverte est loin de celui de l’auteur Antibois. Le choix de cet écrivain érudit et plein d’humour est cependant judicieux.  Issu d’une famille de pécheurs Arturo Pérez-Reverte a une passion pour la mer et la navigation. 

     S’il n’est pas sur son bateau avec lequel il s’est toujours mesuré à la mer, il s’immerge dans son bureau pour y écrire ses romans, entouré de livres et d’armes anciennes dont il fait collection. Il va de soi qu’un de ses auteurs préférés est Joseph Conrad, grand navigateur de par le monde, mais son favori reste Alexandre Dumas dont le style d’écriture est proche du sien et qu’il a lu en français pour en tirer toute la saveur. Francophile depuis toujours, il dit que, pour un Espagnol, la France est la terre d’exil naturelle, une seconde patrie de consolation. Essayer de déplacer le centre de gravité de l’Europe à Berlin lui semble un leurre, pour lui c’est et cela restera la France.

    Son dernier livre paru en France, « Deux hommes de bien », transporte le lecteur à la fin du XVIIIe siècle. Deux membres de l’Académie royale d’Espagne doivent rapporter dans leurs pays l’Encyclopédie qui y est alors interdite. 

    Des routes infestées de brigands et des auberges inconfortables précèdent leur arrivée dans un Paris libertin et culturel. Arturo Pérez-Reverte s’en donne à coeur joie dans son domaine privilégié, entre fiction et réalité historique. Sous la plume de ce francophile, l’esprit des Lumières brille intensément dans ce roman d’aventures où se retrouve la verve épique des « Trois Mousquetaires ».

    Plusieurs des romans d’Arturo Pérez-Reverte ont été adaptés au cinéma ou à la télévision. Citons, entre autres, « Capitaine Alatriste » avec Viggo Mortensen, et « La Neuvième Porte » de Roman Polanski avec Johnny Depp, d’après « Club Dumas ». Avec une certaine ironie, il a jugé « pas mal ! » cette adaptation. Il est évident que le livre est toujours trahi par un film, aussi l’auteur doit-il laisser toute liberté au réalisateur.

    Malgré un certain pessimisme Arturo Pérez-Reverte est un homme plein d’humour dont il truffe une oeuvre, à mi-chemin entre policier et roman historique avec par ci par là de pertinentes réflexions philosophiques.

    Caroline Boudet-Lefort

    • Les membres du jury
    • Arturo Pérez-Reverte, Grand Prix Jacques Audiberti 2017

    Classé sous :PRIX JACQUES AUDIBERTI

    COEUR À CUIR, UN RENDEZ-VOUS AVEC L’HISTOIRE DE JACQUES COEUR

    18 septembre 2017 par AAJA

    Comme une évidence. Alors qu’il a placé 2017 sous le signe de Jacques Cœur, le conseil départemental a ouvert ses portes à Double Cœur pour une lecture théâtralisée consacrée au grand argentier du roi Charles VII.
    A l’occasion des Journées européennes du patrimoine, la salle du Duc Jean a servi d’écrin, les 16 et 17 septembre derniers, à deux représentations du Jeu de a vie et de la mort de Jacques Cœur. Le metteur en scène, Jean-Claude Penchenat, cofondateur du Théâtre du Soleil et ses comédiens prêtent leurs voix aux personnages de la pièce Cœur à cuir de Jacques Audiberti. Le poète et dramaturge du XXe siècle, avait fait de Jacques Cœur, homme à l’ascension exceptionnelle, le personnage central d’une pièce radiophonique adaptée il y a 50 ans au théâtre de Bourges. « Les 19 représentations rencontrèrent un tel succès que la pièce a été reprise à Paris, au Théâtre de l’Atelier », se souvient François Carré, Président de Double Cœur.
    Avant d’éditer, en 2010, un livre-CD autour de la pièce de Jacques Audiberti, l’association qui œuvre pour la transmission de la mémoire de la décentralisation culturelle avait déjà proposé en 2006 cette lecture au Palais Jacques-Cœur  et à l’abbaye de Norlac.
    D’après Le Berry républicain du 5 septembre 2017

    Personnage hors du commun, Jacques Cœur  demeure indéfectiblement lié à la ville de Bourges.
    Comte de Monte-Cristo d’un autre temps,  il a connu lui aussi un parcours tout à fait exceptionnel, mais à la différence du héros d’Alexandre Dumas, sa vie fut bien réelle.
    Grand poète et dramaturge du XXe siècle, Jacques Audiberti s’est saisi de cette figure emblématique pour en faire le personnage central de al pièce radiophonique Cœur à cuire ou la vie et la mort de Jacques Cœur présentée les 16 et 17 septembre dans ce magnifique écrin qu’est la salle du Duc Jean. Une succession de tableaux dans lesquels l’association Double Cœur a invité le public à suivre l’évolution du grand argentier. Une comédie, sous la forme d’une lecture à quatre voix, interprétée par Alexis Perret, Damien Roussineau, Claire Lamarre et Jean-Claude Penchenat qui signe la mise en espace de la pièce.
    Plus qu’un spectacle, ce fut une véritable invitation à un rendez-vous avec l’histoire. Les quatre comédiens ont su restituer au travers de l’écriture poétique et truculente d’Audiberti, l’ascension, jusqu’au procès et la mort, d’un homme d’affaires du XVe siècle, pourtant si proche de nous.

    D’après le Berry Républicain du dimanche 17 septembre 2017

    • Jean-Claude Penchenat entouré de ses acteurs…
    • Palais Jacques-Cœur et l’abbaye de Norlac.
    • Jean-Claude Penchenat entouré de ses acteurs…

    Extrait de Coeur à cuir de Jacques Audiberti à Bourges septembre 2017

    Classé sous :Evènements

    ASSEMBLEE GENERALE 2017

    5 mai 2017 par AAJA

    Discours de Bernard Fournier, Président de l’AAJA le 5 mai 2017

    Dans le cadre des célébrations du cinquantenaire de la mort d’Audiberti, en plus du très beau Cahier que l’Association fait paraître, élaboré principalement par Géraldine et Marie-Louise Audiberti et Nelly Labere, La Nouvelle Revue française va publier ce mois-ci quelques extraits de lettres d’Audiberti à Emile Condroyer, son condisciple au collège d’Antibes ;

    où l’on voit Jacques Audiberti en lycéen fou d’écriture et conscient de son style fou, écrire à son ami de très longues phrases enchevêtrées dans des parenthèses très longues.

    Dans ces lettres, on peut connaître un peu plus l’écrivain qu’il deviendra quand il nous fait la confidence de ses lectures au sommet desquelles trône Pierre Loti mais aussi Auguste Villeroy. Pourrons-nous, à partir de là, éclairer quelques analyses des romans d’Audiberti ?

    Mais, à côté de cet écrivain-né qui perce sous le lycéen, nous faisons connaissance avec un autre Jacques Audiberti impliqué dans le monde autour de lui.

    Ce qui m’a le plus frappé dans cette époque et qui demeure en quelque sorte une énigme, c’est l’appartenance du jeune Jacques aux Boy-scouts.

    Arrêtons-nous un instant sur cette image : Jacques Audiberti en uniforme, menant sa petite troupe à la baguette pour lui enseigner les rudiments de la morale…

    Bien sûr, on peut rapprocher cette image de celle du jeune correspondant du Réveil d’Antibes et de ses vers bellicistes. Et nous aurions alors un portrait du jeune homme d’Antibes assez différent de celui que l’écrivain nous laisse parfois lire dans les quelques fragments autobiographiques qu’il nous donne.

    Replaçons le portrait de cet Eclaireur de France dans son univers, à savoir le bureau dont le lycéen fait une description assez précise à son ami Emile. Des livres, bien sûr, beaucoup de livres; mais aussi un tableau noir et un crucifix.

    On apprend alors que notre adolescent pratique le piano, la pêche, la bicyclette et se prépare à faire des expériences de chimie.

    A priori, il n’a pas fait exploser la maison.

    Quoique.

    Souvent, en effet, chez l’auteur, nous assistons, à des transformations de l’humain en un de ses avatars : dans Carnage, dans La Poupée, dans Monorail; ou bien encore on prend un personnage pour un autre : L’Ampélour, Le Mal court, Sa Peau, etc.

    Mais alors, la déflagration d’un de ses tubes à essai n’a-t-elle pas aussi métamorphosé le boy-scout en poète ?

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    Classé sous :ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

    GRAND PRIX LITTERAIRE JACQUES AUDIBERTI 2016

    25 septembre 2016 par AAJA

    Cette année, la Ville d’Antibes a remis le Prix Audiberti 2016 à un jeune homme de 98 ans, René de Obaldia. En effet, il a conservé le pétillement d’esprit de la jeunesse et un humour ravageur. Jamais conférence de Presse ne s’est ainsi transformé en éclat de rire.

    En présentant René de Obaldia, le Président du Jury, Didier Van Cauwelaert, a précisé que l’auteur n’entrait dans aucune catégorie, mais que cet « inventeur de langage » venait à merveille dans la lignée de Jacques Audiberti : leurs styles d’écriture, fantaisiste et non cérébrale, ont de nombreux points communs. Citant aussitôt « Génousie », l’une de ses pièces vedettes : « Il faut beaucoup de patience pour entrer dans l’univers des gens. Il faut la mort. Et encore ! La mort est bien souvent imitée ! » Il a inventé le « génousien » la langue de la fantaisie, de l’amour et de la tendresse pudique, a ajouté Didier Van Cauwelaert.

    Dramaturge, romancier et poète français, né à Hong Kong en 1918, René de Obaldia écrit des textes qui sont presque tous empreints d’un humour fantastique, de malice incisive et d’imagination. Fils d’un diplomate panaméen et d’une mère d’origine picarde, cousine de Michèle Morgan, il grandit entre Amiens et Paris, avant d’être mobilisé et fait prisonnier durant la Grande Guerre. Mais, même dans les pires moments, il a gardé son humour particulier : allègre, caustique, féroce, jamais goguenard. Dès 1961, Jean Vilar monte au TNP sa première grande pièce « Génousie » qui le place aux côtés d’Audiberti, Ionesco, Beckett. Maintenant, son oeuvre, traduite en 28 langues, est l’une des plus jouée dans le monde. Elu à l’Académie française en 1999, il en est le doyen. A propos de cette élection, il cite Flaubert qui aurait dit « Etre contre l’Académie, et faire tout pour y rentrer ». Par ailleurs, il collectionne de nombreux Prix, dont celui de l’humour noir et celui de la poésie… Cependant, il était ravi de recevoir des mains du Maire, Jean Léonetti, le prix Audiberti attribué par le Jury de la Ville d’Antibes (Didier Van Cauwelaert, Simone Torres-Forêt-Dodelin, Marie-Louise Audiberti, Jacques Gantié, Pierre Joannon, Dominique Bona, Jean-Christophe Rufin, Vénus Khoury Ghata), d’autant que cela maintient vivante la mémoire de Jacques Audiberti.

    Le Prix récompense toute l’oeuvre de l’auteur choisi. Celle de René de Obadia nous amène dans le plaisir de vivre et la certitude de mourir. Comment faire ? Deux potions magiques : l’amour et l’humour pour faire en sorte que ce soit acceptable. Souvent déçu par l’être humain, l’auteur cite : « Un homme qui de son vivant consent à être esclave, le sera totalement une fois mort ».

    Il précise que sa forme d’humour l’a aidé, mais qu’il garde toujours en lui « ce sentiment tragique de la vie ». Jérôme Garcin a d’ailleurs dit qu’il est « l’auteur d’une pièce de théâtre qu’il n’a pas écrite, mise en scène à son insu et dont il joue le rôle-titre : sa vie » ! Car, quand il écrit c’est un clin d’oeil ou un pied de nez à ce qu’il a vécu. Et il a vécu beaucoup de choses diverses : il s’amuse d’avoir été parolier d’un tube de Luis Mariano « Ma chérie » et – souvenir impérissable ! – en faisant de la figuration pour un ami metteur en scène, il a eu l’occasion de donner la réplique à Louis Jouvet.

    Malgré son âge avancé, il fait preuve d’un esprit alerte et d’une grande mémoire, n’étant jamais en manque d’une citation amusante. Ainsi, quand il parle de Julien Green, dans le fauteuil duquel il a succédé à l’Académie française, il raconte que, en tant que protestant converti au catholicisme, Julien Green était hanté par le Diable, le Malin. Et de citer aussitôt Cocteau : « Sans le Diable, Dieu n’aurait jamais atteint le grand public ! »

    Son oeuvre est impérissable et on ne peut que regretter de n’avoir pas vu depuis longtemps « Du vent dans les branches de sassafras », une de ses pièces les plus jouées pourtant.  Bravo au Jury d’avoir choisi ce merveilleux lauréat qui a avoué : « A force d’exister, on finit par vieillir ». Eh oui !

    Caroline Boudet-Lefort

    • Jean Léonetti & René de Obaldia
    • Les membres du jury entourent René de Obaldia
    • René de Obaldia & Didier Van Cauwelaert

    Classé sous :PRIX JACQUES AUDIBERTI

    ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2016

    17 avril 2016 par AAJA

    Notre Président était absent ce jour-là…

    Pour raisons de santé, Bernard Fournier, notre Président, a  dû, pour la première fois, en vingt ans, manquer la réunion. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.

    La pluie, les vacances de Pâques, le changement d’adresse, nous étions peu nombreux, Mais beaucoup d’adhérents  ont tenu à prévenir de leur absence.

    Nous étions reçus pour la première fois dans la Galerie Triartis, qui abrite les Editions Triartis.

    Madame Martine Malinovski qui dirige les lieux, a déjà accueilli certains d‘entre nous soit pour des expositions, signatures, lectures dramatiques ou publications.  C’est dire combien nous sommes chez elle  en terrain familier et bienveillant.

    Télécharger le bulletin de liaison n°27

    Classé sous :ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

    GRAND PRIX LITTERAIRE JACQUES AUDIBERTI 2015

    14 novembre 2015 par AAJA

    Daniel Rondeau, Grand Prix Jacques Audiberti 2015…

    • Recto carton d’invitation
    • Verso carton d’invitation
    • Programme
    • Daniel Rondeau et Marie-Louise Audiberti
    • Daniel Rondeau entouré de Jean Léonetti, Maire d’Antibes & Didier Van Cauwelaert
    • Les membres du jury
    • Daniel Rondeau
    • Daniel Rondeau, Jean Léonetti & Didier Van Cauwelaert
    • Daniel Rondeau

    DANIEL RONDEAU, SON ÉPOPÉE LITTÉRAIRE À L’UNANIMITÉ

    C’est par ce titre unanime que Gaelle Belda annonce dans Nice Matin son excellent papier sur Daniel Rondeau, le nouveau prix littéraire Jacques Audiberti 2015

    Daniel Rondeau, né le 7 mai 1948  un écrivain, éditeur, journaliste et diplomate français. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages parmi lesquels des livres autobiographiques, des romans, notamment Dans la marche du temps, une série de récits sur des villes, et des textes sur la littérature et l’histoire. Ses livres sont traduits en plusieurs langues, espagnol, italien, portugais, grec, turc, japonais et russe.

    Daniel Rondeau publie en 1979 son premier livre, un livre d’histoire, Chagrin lorrain, unanimement salué par les spécialistes. À la même époque, il travaille pour la radio et crée l’émission Mémoires ouvertes où il utilise les centaines de témoignages qu’il a enregistrés de militants, d’ouvriers, d’immigrés…

    En 1982, Daniel Rondeau publie son premier roman L’Age-Déraison, véritable biographie imaginaire de Johnny H., Les Tambours du monde en 1991, La part du diable en 1992.

    En 2006, il publie une somme monumentale, Dans la Marche du temps, Cet ouvrage sera salué par la presse française et internationale.

    De 1985 à 1998, il est grand reporter au Nouvel Observateur. De 1998 à 2007, il est éditorialiste à L’Express. Ces années de journalismes sont autant d’années d’écritures et de dialogues avec les écrivains. Beaucoup de ses articles ont été rassemblés dans trois livres, Trans-Europe-Express en 1984, Les Fêtes partagées en 1994 et réédité en 2015, Journal de lecture en 2007.

    À la fin des années 1980, il crée et anime une émission culturelle et politique sur la 7, Dialogue. Il est l’auteur de plusieurs films pour la télévision (Alexandrie la septième merveille, Malraux ou la grande vie, Des hommes libres avec Alain Ferrari).

    Daniel Rondeau est engagé dans les combats de son temps, étudiant établi en usine après 1968, expérience qu’il raconte dans son livre L’enthousiasme, il soutient plus tard la publication des Versets Sataniques de Salman Rushdie, remue ciel et terre en faveur de la résistance libanaise contre le terrorisme syrien. Son livre, Chronique du Liban rebelle publié en 1991, interdit à la vente au Liban, lui vaudra d’être longtemps interdit de séjour dans ce pays, il milite pour défendre Sarajevo assiégé.

    Publié en 1994, son livre Mitterrand et nous est sans doute l’un des premiers à remettre en cause la politique du président français. À la fin de cette même année et peu avant sa mort, Roger Stéphane lui fait promettre de terminer leur livre d’entretiens sur les premiers Français libres. Il tiendra sa promesse et publiera des hommes libres plusieurs années après son décès. Dans son essai Camus ou les promesses de la vie, il célèbre l’engagement et la liberté de ce grand écrivain. En 2014, Daniel Rondeau publie Vingt ans et plus, son journal, une somme littéraire, regard d’un homme passionné par son temps.

    En avril 2008, il est nommé ambassadeur à Malte. Dans le cadre de ses fonctions, il organise avec la Marine nationale, en octobre 2009, de La Valette à Beyrouth, en passant par Tunis, Tripoli, Chypre, l’opération Ulysse 2009, un voyage symbolique et politique qui réunit des écrivains, des poètes, des historiens, des savants issus de différents pays méditerranéens, embarqués sur le pétrolier ravitailleur La Meuse. À chaque escale, ces auteurs donnent des conférences et participent à des débats, rappelant que la Méditerranée, berceau de notre identité commune, est aussi un espace de sagesse et de liberté. Il est alors l’un des premiers à attirer l’attention sur la tragédie des immigrants africains qui meurent en mer.

    En novembre 2011, il est nommé délégué permanent de la France auprès de l’UNESCO. En mars et avril 2012, il est le parrain du premier Modèle des Nations unies du campus euro-américain à Reims de l’Institut d’études politiques de Paris. Pendant sa mission à l’Unesco, il organise l’appel de Saint Petersbourg pour sauver les mausolées du Mali et deux conférences publiques de scientifiques israéliens et palestiniens avec Catherine Bréchignac de l’Académie des Sciences et le groupe Ipso (Israeli and Palestinian Scientists Organization). Après cinq années d’ambassade, il démissionne de ses fonctions en 2013 pour retourner à ses livres. Il représente actuellement le think tank de l’Onu (UN University) à l’Unesco.

    1988, Prix Populiste pour L’enthousiasme. 1994, Prix Liberté Littéraire pour les Fêtes partagées. 1998, Grand Prix de Littérature Paul Morand de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre. 1998, Prix des Deux Magots pour Alexandrie. 2014, Prix Saint Simon pour Vingt ans et plus.

    Classé sous :PRIX JACQUES AUDIBERTI

    BREVES

    25 septembre 2015 par AAJA

    SUR LES PAS DE MON PÈRE…

    Le 25 septembre 2015,  dans la Maison de Quartier Jacques Audiberti à Lozère, Marie-Louise Audiberti, fille de Jacques Audiberti, est revenue sur les pas de son père.

    Devant les Lozérois réunis, elle a évoqué les lieux que son père aimait, Antibes, Paris dans de nombreux appartements et bien sûr Lozère, devenu Coresse dans « Dimanche m’attend » son dernier livre dans lequel il évoque Lozère qu’il aimait arpenter les dimanches après la messe.

    Il aimait ce Hurepoix d’Ile de France, l’Yvette qui court lentement dans le creux de la vallée de Chevreuse, les commerçants de Lozère et les homélies du père Jean Schmickrath.

    Pour en savoir plus sur Audiberti,  vu par l’œil tendre et précis de sa fille, il faut lire le livre de Marie-Louise Audiberti. Editions L’Amourier, 15, 00€

    • Marie-Louise Audiberti dédicaçant son livre
    • A Lozère, Coresse pour Audiberti…
    • Livre de Marie-Louise Audiberti

    Classé sous :BRÈVE

    Plaque du souvenir à Lozère

    21 septembre 2015 par AAJA

    Extrait du discours de Madame Jacqueline Bizet, présidente de l’association « Mémoire de Lozère » pour la pose de la plaque:

    (…) Les racines méditerranéennes d’Audiberti étaient pour lui essentielles, comme le montre bien sa fille cadette Madame Marie-Louise Audiberti dans « Sur les pas de mon père », le bel ouvrage qu’elle lui a consacré en 2014, et dont elle viendra nous parler vendredi prochain à quelques pas d’ici, dans cette même Maison de quartier.
    Dans ce témoignage sensible et très personnel, elle s’attache à évoquer la figure de Jacques Audiberti à travers tous les lieux qu’il a successivement connus et fréquentés, et nous donne à voir un être tourmenté, en perpétuelle errance, et qui, malgré sa forte corpulence et sa truculence méditerranéenne, était traversé de fêlures intimes.       

    Lorsqu’à la recherche d’un port d’attache pour sa famille, il achète ce pavillon en 1951, cet auteur prolifique a déjà écrit l’essentiel de son œuvre poétique, et une quinzaine de romans. Dès ses débuts au théâtre, en 1946, il a connu un succès immédiat avec « Quoat-Quoat », et sa première véritable pièce, « Le mal court », créée en 1947 au théâtre La Bruyère, avec notamment une jeune actrice débutante nommée… Suzanne Flon, a reçu elle aussi un excellent accueil de la critique.

    Au cours des quelque quinze années qu’il habitera de façon discontinue dans cette maison, ce grand marcheur aura l’occasion d’apprécier de longues promenades le long de l’Yvette ou sur le plateau de Palaiseau, même si, avec l’extension de l’aéroport d’Orly au début des années soixante, lui qui avait horreur du bruit souffrira particulièrement de la ronde incessante des « bouings », comme il disait.

    C’est ici que viendront régulièrement lui rendre visite son voisin l’auteur dramatique Roger Ferdinand, qui habitait un peu plus haut la « Maison des pins » de Charles Péguy, et son grand ami Claude Nougaro, qui, au fil des ans, devint pour lui un véritable fils spirituel, et eut lui-même des attaches avec Lozère, puisque sa première femme, Sylvie, comme sa fille – la célèbre Cécile de la chanson – vécurent toutes les deux tout près d’ici dans notre quartier.

    C’est dans son dernier livre, « Dimanche m’attend », qui sera publié à l’automne 1965 quelques semaines seulement après sa mort, que votre père, Madame, parlera de notre Lozère, rebaptisé « Coresse » pour l’occasion, dans un jeu de mots à ricochets dont il avait le secret, par assonance avec la région de « Corrèze ».

    Quand, sur la suggestion de son ami le cinéaste Jacques Baratier, il entreprend à partir de l’hiver 1963 la rédaction de son journal, il est déjà malade, et, peu de temps après, il sait qu’il est condamné par son cancer, et qu’il ne lui reste plus que quelques mois à vivre.

    Cela donne à ce livre singulier quelque peu rétrospectif un éclairage crépusculaire et un caractère particulièrement émouvant, notamment dans les toutes dernières lignes de l’ouvrage, intitulé « roman » par Audiberti lui-même.

    Lorsqu’aux dernières heures de sa vie, après avoir subi sans succès plusieurs opérations éprouvantes, il apprend que la municipalité d’Antibes vient de donner son nom à une place de sa ville natale, il ne peut s’empêcher de s’interroger devant ses proches dans sa chambre d’hôpital :

    « Finalement, je suis mort ou je suis vivant ? »

    Non, Jacques Audiberti, vous n’êtes pas mort, car un poète ne meurt jamais!

    Non, vous n’êtes pas mort, car vous vivez, et vivrez dans nos esprits et dans nos cœurs!

    Cinquante ans après, nous sommes venus ici vous le dire.

    • Marie-Louise Audiberti devant la maison de Lozère où Jacques Audiberti vint lesdenières années de sa vie
    • La plaque du souvenir
    • Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau
    • Grégoire de Lasteyrie et Jacqueline Bizet, Présidente de l’association Mémoire de Lozère
    • Marie-Louise Audiberti et Hervé Martin
    • Marie-Louise Audiberti et Grégoire de Lasteyrie
    • Madame Jacqueline Bizet
    • La plaque
    • Marie-Louise Audiberti et Hervé Martin, organisateur de la cérémonie
    • Marie-Louise Audiberti, Amélie Lainé, arrière petite fille d’Audiberti et Hervé Martin

    Classé sous :Evènements

    BRÈVES

    1 septembre 2015 par AAJA

    JACQUES AUDIBERTI ET LE MOYEN-AGE

    Notre amie, Nelly Labère, spécialiste du Moyen-Age qui a organisé en mars 2015, l’Anti-colloque autour de Jacques Audiberti, a sorti un livre sur Jacques Audiberti et le Moyen-Age.

    Vous trouverez le bon de commande ci-dessous .

    A lire absolument

    Télécharger maintenant
    Nelly Labère lors de l’Anti-colloque

    Classé sous :BRÈVE

    Le Mal court toujours…

    1 septembre 2015 par AAJA

    Oui, le Mal court toujours. La Compagnie de Châlons en Champagne Ici et Maintenant a donné plusieurs représentations du Mal court dans une mise en scène de Christine Berg.

    • Le mal court
    • Le mal court

    Classé sous :THÉÂTRE

    LE DICTIONNAIRE AUDIBERTI

    22 avril 2015 par AAJA

    Le dictionnaire Audiberti vient de paraître aux Editions Honoré Champion, sous la direction de JeanYves Guérin, avec une préface de JeanYves Guérin. 560 pages, 110€

    Jacques Audiberti (1899-1965) n’est pas seulement l’auteur du Mal court, une brillante comédie-bouffe qui est à l’affiche depuis plusieurs dizaines d’années. Comme Victor Hugo dont il se veut le continuateur, c’est un polygraphe prolixe qu’ont admiré François Truffaut et Claude Nougaro. C’est toute son œuvre qui comprend des poésies, des romans, des pièces de théâtre, de la critique cinématographique et même des dessins et des peintures que présente ici une équipe d’universitaires.

    JeanYves Guérin est professeur de littérature française à l’université Sorbonne nouvelle Paris 3. Il a été le maître d’œuvre du Dictionnaire Eugène Ionesco et du Dictionnaire des pièces de théâtre françaises du vingtième siècle publiés chez le même éditeur.

    Classé sous :BRÈVE

    ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2015

    7 avril 2015 par AAJA

    Bernard Fournier, Président de l’Association ouvre la séance

    Nous célébrons depuis le début de l’année le cinquantenaire de la mort d’Audiberti.

    Mais, si l’on sait quand un poète meurt, sait-on quand il naît ? C’est là une question difficile, dont j’ai pourtant peut-être eu réponse au cours de mes recherches.

    En effet, la terre a tremblé. La terre a tremblé le jour de la naissance du poète Audiberti. Je veux dire, la naissance du poète et non le personnage physique Audiberti.

    La terre a tremblé le 11 juin 1938. L’épicentre a provoqué un petit séisme jusqu’à Paris.

    Et qui pouvait le mieux célébrer cette naissance qu’un journaliste ? Et cette journaliste fût la secrétaire du poète, j’ai nommé Hélène Lavaysse.

    Je vous donne lecture d’un extrait de l’article qu’elle a fait paraître ce 12 juin 1938 dans L’Eclaireur de Nice:

    « Audiberti ne se sent bien en liberté que lorsqu’il est tout à fait perdu au fond de quelque banlieue où il est tombé par hasard, car il était parti pour une autre banlieue, et alors, adieu mon reportage ! Mais il y a un dieu pour les vrais poètes. Voilà un reflet jaune dans ce vert sale et gris d’une eau qui dort. Et ce reflet jaune luit jusqu’à l’or et jusqu’à la lumière des pleins soleils sur du cristal. C’est un mystère. Audiberti n’a plus de regrets pour sa distraction. Il ne fera pas d’article mais une poésie déjà le possède et c’est là ce qu’un vrai poète nomme liberté.

     […]

    Cet hiver, il rencontre une petite journaliste sur une piste qu’il croyait découvrir. Ils ne se mangent pas le nez. Tous deux avaient horreur de cette solitude. Ensemble, ils font leur reportage. Mais, de temps en temps, Audiberti sort de son rôle et redevient poète : « Votre manteau est en tapinois : est-ce de la zibeline ? … Il me faut une rime en oute… Ce ciel est un  ciel chinois… Maintenant, dans l’espace, il moûte… »

    Le bonhomme qu’ils interrogent, derrière son dos, dit à la jeune femme : « Quel brave type ! S’il était plus petit, il serait bousculé dans la rue. Mais il est grand et gros. On croit qu’il est méchant. »

    […]

    Il fait sonner les mots pourvu qu’ils soient harmonieux et denses. Et quand on marche près de lui, on sait, s’il ne dit rien, qu’une syllabe le hante, de laquelle, burlesque ou lyrique, précieux ou bien trivial, il va triompher, dans la bonhomie ou dans l’artifice.

    Il marche lourdement et voudrait être leste. Mais il se venge de ne pas l’être en avançant dans une sorte d’apothéose intérieure qui écarte délibérément toutes les inquiétudes pour n’éclairer que le souci secret d’une rime que nul avant lui n’aura réussie. Il avoue avec une naïveté ce que les autres ont deviné. Alors une lueur-panique passe dans son regard. Serait-il pareil à la foule ?

    Voilà Audiberti, et parisien et antibois, qu’on a comparé à Lucrèce, à Giorgio de Chirico, à Rimbaud, et à d’autres très grands parmi les poètes, que Paul Valéry honore de son amitié, que ses confrères aiment rencontrer parce qu’il est affable, et qui sera ravi que le prix Mallarmé lui ait valu une chronique dans L’Eclaireur que tout le monde lit à Antibes où s’étire sa longue enfance. »

    Il fallait que ce fût la terre, pour cet homme charnel entre tous, qui célébrât sa venue au monde.

    Est-ce ce tremblement de terre qui a causé la naissance d’Audiberti, ou, au contraire, est-ce la naissance du poète qui a causé ce tremblement ? On se perd en conjectures.

    Télécharger le bulletin de liaison n°26

    Classé sous :ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

    AUDIBERTI-NOUGARO

    27 mars 2015 par AAJA

    Le 27 mars 2015 au Studio Raspail

    « Vous devriez écrire plus direct, plus saisissant, plus boxeur » murmure Jacques Audiberti de sa voix sourde.

    Il vient de lire à haute voix un article qu’un jeune journaliste appelé Claude Nougaro est venu lui soumettre. Nous  sommes en 1954 à la terrasse des « Deux Magots » à Saint Germain des Près. C’est leur première rencontre. Jacques a 55 ans et Claude qui en a 25 va bientôt muscler son verbe sur les conseils de son nouveau maître puis passer du journalisme à la chanson et mettre le feu à une langue française revivifiée par un corps à corps serré avec le jazz, les tambours de l’Afrique et du Brésil.

    A l’occasion des 50 ans de la disparition de Jacques Audiberti, Frédéric Pagès a célébré en chansons, textes et récits, cette belle et féconde amitié.

    Chanteur-voyageur, Frédéric Pagès développe ses activités musicales entre la France et le Brésil.

    Il pratique la chanson sous toutes ses formes mais il aime aussi les alliages atypiques entre les mots, les sons et les souffles, la mise en voix et en rythmes de textes littéraires, le choc du verbe et de la pulsation.

    Aussi attentif à la densité et à la musicalité des paroles qu’à l’intensité des mélodies qui composent son répertoire Frédéric Pagès est toujours entouré par des musiciens de premier plan, davantage partenaires qu’accompagnateurs, issus du jazz et des musiques du monde.

    Avec eux et dans diverses configurations, mêlant le chant, le récit et l’invocation il s’est produit notamment au Centre Pompidou et à la prison de la Santé, à la Cité de la Musique, sur les scènes de l’Apollo et du Dôme, et à l’espace 93 de Clichy-sous-Bois où il a lancé son CD « Lettre-Océan » mais aussi dans de nombreux festivals, en France et au Brésil.

    Passionné de littérature, Frédéric Pagès a été initié à Audiberti  par Claude Nougaro au cours de rencontres qui furent  aussi de véritables « séances de travail » (sur l’écriture et l’interprétation des chansons notamment) qu’il a raconté dans un petit ouvrage Je te passe les consignes. Rencontres avec Claude Nougaro (Le Grand Babyl, Paris 2014)

    Classé sous :BRÈVE

    Anti colloque, mars 2015

    21 mars 2015 par AAJA

    Cinquante ans déjà qu’ Audiberti a disparu. En cet anniversaire, le poète revient en force : plusieurs livres paraissent, de lui et sur lui, en particulier un important Dictionnaire Audiberti. Diverses manifestations sont prévues pour honorer la mémoire de cet écrivain prolifique, et surtout le donner à entendre et à lire.

    Ainsi, le 25 mars 2015, une journée entière lui a été consacrée à la Mairie du 6ème arrondissement, où différents connaisseurs de l’œuvre, écrivains, gens de théâtre, critiques, sont venus présenter leur Audiberti, dire quel texte, mis en perspective, leur a ouvert le monde infini de l’auteur, ce « Cavalier seul », comme le dit le titre d’une de ses pièces, dont on a vanté à juste titre un imaginaire baroque porté  par une invention verbale éblouissante.

    Tous les textes donnés par les intervenants sont à retrouver dans le Cahier du Cinquantenaire, dans l’onglet l’Ouvre-boite de ce site.

    • JeanYves Guérin, Stéphanie Tesson & Pierre Vilar
    • Lakis Proguidis et Stéphanie Tesson
    • & Pierre Vilar
    • Lakis Proguidis
    • Jéremy Riou et Houdia Ponty
    • Stéphanie Tesson & Pierre Vilar
    • JeanYves Guérin, Marcel Maréchal & Jean-Claude Penchenat
    • Nelly Labère
    • Roger Bensky & Gilles Costaz
    • Agnès Spiquel, Serge Toubiana, Albert Dichy & Nelly Labère
    • Marie-Louise Audiberti

    Classé sous :Evènements

    LE MAL COURT AU THEÂTRE DE POCHE EN 2015

    15 janvier 2015 par AAJA

    UN EXERCICE ACROBATIQUE

     par Stéphanie Tesson

    Pour jouer cette partition à la poésie sensuelle et brute, il faut des acrobates du texte, des musiciens de l’âme, des archers de la scène, qui sachent décocher les répliques comme des flèches, dont chacune doit atteindre le cœur et l’esprit du spectateur. L’imagination caracole, mobilisant les énergies. La langue d’Audiberti exige une articulation précise de la pensée, une diction particulière, ainsi qu’un sens endiablé du rythme. Les idées s’enchaînent vite, s’entrecroisent, se chevauchent, et pour les exprimer, il utilise un vocabulaire qui n’appartient qu’à lui. À ses interprètes de se mettre au diapason !

    Il s’agit presque de musique, et si Mozart est cité à la fin de la pièce comme la consolation offerte au peuple de Courtelande en compensation du camouflet historique qu’il a reçu, ce n’est pas un hasard ! La liberté, le dynamisme, la gaieté du musicien ne sont pas étrangers à l’inspiration du poète.
Le mal court est conçu comme un menuet aussi corrosif que sucré, une fantaisie sauvage, « une bête cruelle et velue dans les plis de Fragonard », selon l’expression de son auteur. Que le spectacle soit à l’image de ces paradoxes, un joyeux hymne au « mal qui ne peut faire que du bien », lorsqu’il est adopté par la pureté comme simple credo de vie !

    Cette nouvelle proposition de mise en scène dans le cadre même des origines de sa création est l’occasion de faire revivre un texte trop rarement monté, sa dernière exploitation parisienne ayant eu lieu il y a douze ans à la Comédie-Française, au Théâtre du Vieux-Colombier.
Le choix d’une esthétique de costumes résolument tournée vers une réinterprétation du XVIIIe siècle par les années1950, fait référence à l’époque où la pièce fut écrite et présentée pour la première fois. Il réinscrit Audiberti au cœur de son époque, accentue la distance prise avec tout réalisme, profondément contraire à son univers. Il affirme un désir de privilégier l’amusement, l’exubérance, le déguisement, sans pour autant renier la sincérité, qui est le principe-même de sa création. Il souligne également un désir de rapprochement complice avec l’œuvre, servie dans un cadre conforme à celui de sa naissance à la scène. Aucune transposition moderne ne nous a paru nécessaire à sa perception actuelle, ce qui témoigne de son absolue authenticité et de sa profonde valeur littéraire. Ce XVIIIe d’opérette dans lequel se situe l’action est un écrin fantasque, qui a pour seule vertu de conserver intacte une fable à la poésie intemporelle.

    Quant aux interprètes incarnant les pantins de cette farce philosophique, ils épousent les caractères trempés et se partagent les répliques enjouées, inventées par l’auteur, qui les habille d’une seconde peau et les coule dans un moule original, celui des figures folkloriques qui, avec le temps, se font légendes.   

    Voir l’affiche de la pièce

    Classé sous :Evènements, THÉÂTRE

    GRAND PRIX LITTERAIRE JACQUES AUDIBERTI 2014

    25 octobre 2014 par AAJA

    Jean-Noël Pancrazi reçoit le Grand Prix des mains de Jean Léonetti, Maire d’Antibes…
    • Jean Léonetti & Jean-Noël Pancrazi
    • Vénus Khoury Ghata, Jean-Noël Pancrazi & Marie-Louise Audibertil
    • Les membres du jury
    • Jean-Noël Pancrazi et Jean Léonetti

    Classé sous :PRIX JACQUES AUDIBERTI

    ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2014

    17 avril 2014 par AAJA

    Allocution du Président, Bernard Fournier

    Lire Audiberti demeure une fantaisie, peut-être un défi, voire une folie.

    Depuis quelques jours, je suis entré dans l’Opéra du monde. Un roman comme une pièce de théâtre. Ou l’inverse. Avec des histoires fantastiques où Audiberti refait la Genèse. Rien que ça. La Genèse du monde, mais aussi la Genèse du langage quand je suis tombé sur ce passage :

    « Tout commença au moment où j’écrivis le mot alluvion. Je traçais le a, le premier l, le second l, et les autres lettres, correctement, vite, comme un homme du métier (j’en suis un). Quand j’eus terminé le mot alluvion, je le relus, et je constatai que cela faisait quelque chose comme aggluritation. Comment ? comment ? Ah ! celle-là ! Je recommençai. J’écrivis le a, le premier l, le second l, toutes les lettres, le u, le v, avec soin, en m’appliquant, en me courbant. En les écrivant, ces lettres, je les comptais. Il y en avait huit. Moi, qui n’ignore pas que ce mot est du féminin et qu’il vient du sanskrit loufia (ce que chacun ne sait pas), il ne se pourrait que je ne susse point l’écrire ? Quelle blague ? Maintenant tout va bien. Tout va très bien… Je me relus. Savez-vous ce que le papier me proposa ? Riezzifghklà. Ah ! çà ! Les ponts sont-ils coupés entre ma tête et ma main. J’écris alluvion et ça tourne autrement. Mais… mais… messieurs !… papa !… des témoins ! Des témoins ! Je veux écrire devant des témoins ! Regardez tous ! Regardez bien ! Je trace le premier a, le premier l, le second l. Vous suivez ma main ? Vous la suivez ? Oui ? J’écris a-l-l-u-v-i-o-n. J’écris a-l-l-u-v-i-o-n. Voici le mot alluvion tracé, sur le feuillet, devant vous, avec la plume, avec l’encre. Prenez. Lisez. Vous avez lu… Quoi ? Passez-moi le papier. Brasinèse. Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est moi qui ai écrit ça ? Oui… C’est moi… La ligne saigne encore et c’est mon écriture, mon écriture du mercredi… Soit… J’accepte qu’on m’interne quelques mois. Partons. »

    Étrange mise en scène de l’écriture qui voue l’écrivain à la folie. Mais derrière cette pièce de théâtre improvisée, cette monstration de l’écriture nous met en face de l’écriture et de son double. Le poète se trouve confronté à son lecteur, même s’il est lui-même son propre lecteur. La lecture est toujours en partie double, elle cache, elle ment, elle trahit.

    L’écriture d’Audiberti est un palimpseste ; elle est à double fond. Grattez la surface et vous trouvez d’autres mots, une autre histoire, une autre Genèse.

    On connaît le goût d’Audiberti pour les mots, ceux qui existent, ceux qui n’existent pas. Ceux qui font du bruit, ceux qui n’en font pas. Ceux qui veulent dire quelque chose, ceux qui ne veulent rien dire. « aggluritation », « riezifghklà » ou « brasinèse » viennent nous emporter dans d’autres imaginaires. Et l’étymologie vient elle aussi de la fantaisie de son auteur.

    Et le mot qui tend ainsi à se transformer sous la plume d’Audiberti est le mot « alluvion ». Alluvion, c’est-à-dire, dépôt du temps, rejet de la rivière, semence des siècles :débris, vase, limon. Ce mot serait ainsi la métaphore de ce que laisse le langage chez le lecteur, de ce qu’il dépose de richesse dans son esprit, de ce que laisse de fertile la lecture d’Audiberti. Des mots illisibles, des mots inconnus, des mots fous.

    Audiberti était-il fou ? Il faut être fou pour lire Audiberti. Non je corrige : il faut être fou pour ne pas lire Audiberti.

    Télécharger le bulletin de liaison n°25

    Classé sous :ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

    GRAND PRIX LITTERAIRE JACQUES AUDIBERTI 2013

    25 septembre 2013 par AAJA

    Vénus Kouri Ghata reçoit le Grand Prix Jacques Audiberti de la Ville d’Antibes…
    • Vénus Kouri Ghata
    • Vénus Kouri Ghata & Jean Léonetti
    • Vénus Kouri Ghata
    • Les membres du jury autour de la lauréate

    Classé sous :PRIX JACQUES AUDIBERTI

    ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2013

    25 mai 2013 par AAJA

    Allocution de Bernard Fournier, Président de l’Association…

    L’événement de cette fin d’année 2012 fut sans conteste la reprise du Mal Court au théâtre de Poche à Montparnasse. Événement justement célébré par la presse. Et qui m’offre l’occasion d’une excursion au-delà.

    La semaine dernière je visitais à Limoges une exposition consacrée à Georges Emmanuel Clancier qui va bientôt fêter ses cents ans. Ce fut une occasion de relire quelques extraits de ce poète et de ce romancier. Il ne toucha pas trop au théâtre, mais ses romans sont pleins de relations d’expériences théâtrales. En voici une tirée de l’Eternité plus un jour :

                « J’avais l’impression que nous étions les acteurs de nos propres rôles de vivants […] qui de nous était réellement, ou du moins sur le théâtre du monde, le sage ? […] qui le fou ? Et qui le mal aimé ? Et qui le séducteur ? Et qui la princesse ? Et qui l’abandonnée ? Qui les vivants ? Qui les morts ? »Georges-Emmanuel Clancier, L’Eternité plus un jour, 1969

    Le théâtre d’Audiberti, me semble-t-il, se situe aux antipodes d’une telle conception qui vise à confondre le théâtre avec la vraie vie dans une esthétique qu’on qualifie volontiers de baroque. Les décors sont souvent historiques, les personnages caricaturaux et les intrigues existentielles, bien loin des préoccupations contemporaines.

    Cependant, à y regarder de plus près, Audiberti s’inclut lui-même dans son théâtre. N’a-t-on pas suffisamment glosé sur cette figure féminine, mi pucelle mi dragonne, qui domine tout son théâtre ? Elle serait l’idéal féminin du poète.

    Il y aurait donc mise en abîme, c’est-à-dire théâtre baroque.

    Et c’est précisément dans cette catégorie qu’on range le plus souvent la langue d’Audiberti. Baroque, c’est-à-dire, qui se situe dans un au-delà de la langue ou des bienséances ou de l’histoire ou du théâtre lui-même : mais avant tout dans un au-delà.

    Mais je reviens à Audiberti lui-même à propos de Shakespeare et de Molière :

    « Shakespeare, écrivain entre les écrivains, se situe, on l’a dit, au-delà de Shakespeare, au-delà de l’Angleterre fourré germanique  plein de fées bretonnes et déjà, du coassement américain de James Cagney et de la sorcellerie poétique de Walt Disney.

    Quand nous sommes tentés de douter des titres anglo-saxons au gouvernement de la planète, et prêts à revendiquer une primauté spirituelle, dont nous serions les dépositaires et les usufruitiers comparés avec honneur au monde machiniste où règne les monosyllabes télégraphiques, Shakespeare se dresse avec son Hamlet, et plus redoutable encore ses sonnets.

    Nous, nous  avons Molière, acteur de métier, directeur harcelé, qui se crève à faire des pièces pour compenser les bides qu’il prend avec Corneille et quand Racine lui claque dans la main.

    Molière n’est au-delà de rien. Il a pour masque son visage.

    Il faut rire sur le dos de l’humanité distinguée, instruite, sentimentale, sacrée.

    Il est l’homme qui refuse l’humanité.

    Grâce à lui notre nation, malgré les guerres et les diverses barbaries dont il fallut qu’elle portât le poids quelquefois responsable, fait entendre, sans système, sans dogmatisme, non pas même au nom du bon sens, mais au nom d’un spectateur gai, la protestation contre tout au monde, qui nous absoudra.

    Molière n’est au-delà de rien, mais rien n’est au-delà de lui. » Jacques Audiberti, Molière, 1954.

    Bien sûr, Audiberti ne pensait pas lui-même à se comparer à Shakespeare ni à Molière. Pourtant, nous, nous le ferons.

    Il y a sans doute un Audiberti au-delà d’Audiberti.


    Télécharger le bulletin de liaison n°24

    Classé sous :ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

    LE GRAND PRIX LITTÉRAIRE JACQUES AUDIBERTI 2012

    22 octobre 2012 par AAJA

    PRIX JACQUES-AUDIBERTI : Jean-Christophe Rufin

    Le Prix littéraire Jacques Audiberti  a été  décerné cette année à l’écrivain Jean-Christophe Rufin. La remise de ce prix par Monsieur Jean Leonetti, Député-Maire d’Antibes s’est déroulée le 5 octobre dernier en présence des membres du jury. La journée s’est terminée par une lecture de textes de l’œuvre de Jean-Christophe Rufin.

    Jean-Christophe Rufin, né en 1952, est médecin, historien, écrivain et diplomate français.

    Il est l’un des pionniers du mouvement humanitaire Médecins Sans Frontières et a consacré plus d0e vingt ans de sa vie à travailler dans des ONG, telles qu’Action Contre la Faim, Médecins Sans Frontières ou la Croix Rouge française. En 1999, il est en poste au Kosovo comme Administrateur de l’Association Première Urgence et dirige à l’Ecole de guerre un séminaire intitulé « ONU et maintien de la paix ».

    Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, il devient, de 1986 à 1988, conseiller du Secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme. En 1989-1990, il s’expatrie au Brésil en tant qu’Attaché Culturel et de Coopération de l’Ambassade de France. En 1993, il entre au Cabinet de François Léotard, Ministre de la Défense, comme conseiller spécialisé dans la réflexion stratégiques sur les relations Nord/Sud, et le restera deux ans. Directeur de recherches à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques entre 1996 et 1999, il conduit la première mission humanitaire en Bosnie-Hernzegovine. Enfin en 2007, il est nommé Ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie.

    En parallèle, il est maître de conférences à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris entre 1991 et 2002, puis à l’Université de Paris 13 et à l’Ecole de Guerre.

    Depuis 2005, il est membre du Conseil de Surveillance du groupe Express-Expansion, et membre des Conseils d’Administration de l’Institut Pasteur, de France Télévision et de l’OFPRA.

    Auteur de nombreux romans et lauréat du Prix Goncourt en 2001 pour Rouge Brésil, il a été élu en 2008 à l’Académie Française, dont il est le plus jeune membre.

    • Jean-Christophe Rufin

    Classé sous :PRIX JACQUES AUDIBERTI

    ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 2012

    5 avril 2012 par AAJA

    Le 5 avril dernier, à l’hôtel de Massa, siège de la Société des Gens de lettres, s’est tenue l’assemblée générale de l’association des amis de Jacques Audiberti. Après la disparition brutale au mois de janvier 2012 de Claude Lehmann, qui fut président durant de nombreuses années,  les membres de l’association ont élu Bernard Fournier pour lui succéder. Avec ce nouveau Président, universitaire, poète, ami de longue date, l’Association est désormais sûre que son action sera poursuivie avec la même fidélité.

    Bernard Fournier est poète, critique littéraire et enseignant. Après un mémoire de maîtrise intitulé « L’écriture mate de Guillevic dans Terraqué », il publie sa thèse de doctorat « Modernité de Guillevic, réflexions sur la création dans l’œuvre de Guillevic », aux Presses Universitaires du Septentrion, coll. Thèse à la carte, Lille, 1998, « Le Cri du chat-huant, le lyrisme chez Guillevic », essai, aux éditions de l’Harmattan, mai 2002 et « L’imaginaire dans la poésie de Marc Alyn », essai,  aux éditions de L’Harmattan, 2004. Il fut co-directeur du Colloque  « Guillevic maintenant », Cerisy-la-Salle en 2009.

    Bernard Fournier est également l’auteur de nombreux articles et notes de lecture dans les revues françaises et internationales: Les Saisons du poème, Les Cahiers de La Baule, Jardin d’Essai, LittéRéalités, Europe, Poésie/ Première, Poésie sur Seine, Cahiers Marc Alyn, Cahiers Jacques Audiberti l’Ouvre-Boite, Dalhousie French Studies, L’Oreillette, Studi Francesi, Autre sud, Les Cahiers de l’Archipel, Lieux d’Etre, Aujourd’hui poème, Diérèse.

    Il a également participé à plusieurs rencontres ou colloques autour de Jacques Audiberti.
    Cet auteur prolixe est auteur de nombreux recueils de poésie : Marches, Librairie-galerie Racine en 2005, Marches II, éditions Le Manuscrit, Paris, 2008, Promesses, éditions Encres vives, 2010, Maison des ombres, éditions de L’Harmattan, 2011, Marches III, et Aspect, 2011.

    Président de l’Association des Amis de Jacques Audiberti.
    Membre du bureau de la Société des Lecteurs de Jean Paulhan.
    Membre de l’Académie Mallarmé.

    Membre du Comité de rédaction de la revue Poésie sur Seine.
    Membre du Comité de rédaction de la revue Poésie/ Première.

    Animateur du café poétique Le François Coppée, à Paris.
    Bernard Fournier prépare une histoire de l’Académie Mallarmé.

    • Géraldine Audiberti, Bernard Fournier & Marie-Louise Audiberti
    • Bernard Fournier & Marie-Louise Audiberti
    Télécharger le bulletin de liaison n°23

    Classé sous :ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

    BRÈVE…

    12 janvier 2012 par AAJA

    LA QUINZAINE DE GILLES COSTAZ DANS L’AVANT-SCÈNE THÉÂTRE  N°1316 DU 15 JANVIER 2012

    Une valse à trois temps

    Le promeneur théâtral a sans doute trois pôles d’attraction : les maîtres,
    avec qui il est certain d’atteindre immédiatement les hauteurs du répertoire,
    la nouvelle création où il part en quête de découvertes, et les moments de fête
    fondés avant tout sur le pur spectacle.

    Deux films de Jacques Baratier ressuscitaient à la fois l’époque, avec une
    oeuvre documentaire qui capte Audiberti et d’autres créateurs (Le beau
    désordre)
     et le génie du poète devenu scénariste le temps
    d’écrire La poupée. Pour le théâtre d’Audiberti, Jean-Claude Penchenat
    mit en espace la pièce méconnue sur Vauban, bâton et ruban
    et la fourmi dans le corps. Cette deuxième pièce est célèbre pour
    avoir fait scandale aux « mardis habillés » de la Comédie-Française où
    elle fut créée en 1961.

    On y voit une chanoinesse défier le vicomte de Turenne et s’offrir par la
    force les plaisirs de la chair. la mise en espace n’était pas loin d’une
    véritable mise en scène. Neuf comédiens, dont Chloé Donn, Jean-Claude Penchenat
    et Jean Pommier, faisant crépiter ce texte virevoltant. Quelle langue, quelle
    fantaisie, quels éclats de génie ! la compagnie Abraxas de Jean-Claude Penchenat
    donne sa pleine mesure à une oeuvre qui, baroque, excessive, brûlante,
    douloureuse, hilarante est au dehors de toute mesure !

    Classé sous :BRÈVE

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