Naissance à Antibes, le 25 mars 1899. Fils unique de Louis Audiberti, maçon, et de son épouse Victorine.
Je suis né à l’extrême rebord du XIXe siècle. Je suis né en 1899. C’est donc entre la fin du XIXe siècle et la Grande guerre que j’ai fait d’humbles études au Collège d’Antibes.
Dès l’âge de douze ans, il écrit des poèmes.
À partir de 1914,
le microscopique quotidien de ma ville natale, « Le Réveil d’Antibes », directeur Albert Féraud, publiait de moi, chaque soir, dans les débuts, une chronique sans que la moindre directive me parvînt, d’où que ce soit, de qui que ce soit.
Installé à Paris en 1924 et entré comme reporter au Journal, puis, dès l’automne, au Petit Parisien,
J’appris en quoi consistent les crimes, les incendies, les tabassages, toute la poésie de la banlieue.
Il a pour collègues Benjamin Péret et André Salmon. Il épouse en 1926 une jeune institutrice venue de la Martinique et en a deux filles, Jacqueline et Marie-Louise.
En 1930, son premier livre, un recueil poétique publié à compte d’auteur, L’Empire et la trappe, est salué par Valery Larbaud, qui l’introduit auprès de Jean Paulhan, par Jean Cassou et Maurice Fombeure. Au cours des années suivantes, il publie des poèmes dans diverses revues – Les Nouvelles littéraires, La NRF, Les Cahiers du Sud, Le Journal des poètes, Mesures, puis un second recueil, Race des hommes, et sa première pièce, L’Ampélour.
Au Petit Parisien, on lui confie, à partir de 1935, des enquêtes qu’il signe de son nom, alors que jusqu’ici il était anonymement affecté aux seuls faits-divers. Ainsi, paraissent ses chroniques sur les quartiers insalubres et les « terroirs » de Paris, les petits métiers, les animaux à Paris, les artisans, la Seine, etc.
En 1938, il donne son premier roman, Abraxas, et reçoit son premier prix de poésie :
Avec Cocteau, Fargue, Paul Fort, Saint-Pol Roux, [Valéry] fut de ceux qui m’accueillirent, copain compagnon, dans je ne sais plus quel endroit de nappes et d’assiettes, vers la fin de l’année trente-huit quand j’avais des bosses aux genoux de mes pantalons, afin de me décerner un certain prix, le prix Mallarmé. Le montant du prix consistait, surtout, dans cet inestimable rendez-vous avec la poésie française en chair et en os.
Pendant la seconde guerre mondiale, il suit Le Petit Parisien en exode, mais ne fait plus partie de la nouvelle équipe qui le fait reparaître à Paris, en octobre 1940 ; il se met alors à gagner difficilement sa vie comme critique littéraire à Aujourd’hui et critique cinématographique à Comoedia. Il collabore aussi à La NRF de Drieu La Rochelle et nourrit l’espoir de fonder une revue littéraire. En 1942, malade, il revient à Antibes où il rédige Rempart et La Beauté de l’amour. Quand il revient à Paris, il séjourne souvent à l’hôtel Taranne, et il tente de « vivre de sa plume ».
Découverte de l’écriture théâtrale :
En 1945, je publie un texte composé de répliques, Quoat-Quoat. Je ne l’avais point conçu pour la scène. Il se révéla pourtant théâtralisable. Catherine Toth, beauté rousse, me déclara tout de go : « Je monte Quoat-Quoat ». C’était l’époque où le théâtre qu’on écrivait en France partait pour conquérir une longue et persistante audience.
L’année suivante, Georges Vitaly met en scène Le Mal court, avec Suzanne Flon dans le rôle d’Alarica :
Le Mal court, je l’ai écrit en état de transe, comme si Le Mal court avait été écrit quelque part dans l’espace et que je n’eusse qu’à recopier ce qui était devant moi et au-delà de moi.
Épopée :
Ensuite a commencé mon calvaire d’homme de théâtre. J’ai compris, j’ai compris que j’écrivais pour le théâtre. Je ne pouvais plus me le dissimuler, puisque mes pièces étaient jouées. Au poète s’est enchevêtré le metteur en scène.
Pour toutes les pièces qui suivirent : Les Femmes du boeuf (1948), Le Cavalier seul (1952), Le Ouallou (1953), Opéra parlé (1954), première version de La Hobereaute qui paraît trois ans plus tard, L’Effet Glapion (1959), La Fourmi dans le corps (1960).
Parallèlement, il publie des romans, essais, poèmes et traductions, comme par exemple : Les Médecins ne sont pas des plombiers (1948), Cent jours (1950), L’Ouvre-boîte et Marie Dubois (1952), Le Soldat Dioclès (1956), Lagune hérissée (1958), Les Tombeaux ferment mal (1963).
Si on met bout à bout romans, poèmes, et presque toutes mes pièces de théâtre, je crois en effet que c’est le mot « épopée » qui correspondrait à cela, car les thèmes y sont sommaires, peu nombreux, insistants.
Il donne des textes – poèmes, proses, critiques, chroniques – à La Nouvelle NRF, à La Parisienne, ainsi qu’aux Cahiers du Cinéma, où François Truffaut le soutient avec admiration. Dans le même mouvement prolixe et généreux, il peint et dessine. 1963 :
En ce moment, à Lyon, un certain Maréchal, lui, Marcel, et aussi Noël, joue mon Cavalier seul, dans son théâtre du Cothurne, fondé par lui l’année de ses vingt ans.
Prix des Critiques, en 1964 :
Dans un salon de l’avenue Victor-Hugo, je dois faire face aux photographes derrière mes lunettes noires de soudeur. L’habituelle cohue féminine se brasse autour de ma personne fuyante que mon énorme frousse des contacts amène aux confins de la pure impalpabilité.
Il parle
à la radio, rue François-ler, à propos d’Ange aux entrailles. L’appareil, à hauteur de voix, me métallise et me fortifie vaguement. Pompeux et poupin, le critique Alain Bosquet me dit avant de nous y mettre : Accepterez-vous que je vous demande, au cours du dialogue enregistré, si vous vous considérez comme un poète mineur ? – Mineur, soit ! Mais de fond.
Cancer de l’intestin, qui nécessite deux opérations. À l’instigation de Jacques Baratier, il retravaille la matière de son journal dont il biffe les dates avant d’en remettre la dactylographie à son éditeur.
Marre ! Marre ! Marre !
sont les derniers mots qu’il écrit avant de s’éteindre, le 10 juillet 1965, un samedi précédant la parution de Dimanche m’attend.
De gauche à droite, Jacques Audiberti avec sa femme et ses filles, Jacqueline et Marie-Louise, Louis Audiberti, le père de Jacques, Amélie Audiberti, sa femme, Amélie Audiberti née Savane à 15 ans, Jacques Audiberti au Lycée d’Antibes (deuxième rang, premier à gauche), Victorine, la mère de Jacques Audiberti