PRIX JACQUES-AUDIBERTI : APRÈS TESSON, EL ASWANY
Romancier, nouvelliste et essayiste. Alan El Aswany est l’un des plus célèbres écrivains du monde arabe, engagé dans les valeurs de la démocratie. Son dernier ouvrage chez Actes Sud s’est vendu à plus de 30000 exemplaires. Le jury présidé par Didier Van Cauwelaert le récompense du prix Jacques Audiberti pour l’ensemble de son œuvre.
Qu’est-ce que représente pour vous Jacques Audiberti ?
C’est un grand maître de la littérature. Il n’a pas été assez reconnu au niveau de son talent. Il avait une vision que j’aime beaucoup de la vie et de l’être humain. C’est un honneur de vor mon nom associé au sien grâce à ce prix.
Vous qui luttez par vos écrits contre l’oppression, comment avez-vous vécu la chute du mur de Berlin dont on fête les 30 ans ?
Je suis de gauche. Je suis socialiste. La grande leçon de ce qui s’est passé en Europe de l’Est et en Union Soviétique, c’est qu’on ne peut pas priver l’individu de sa liberté. Je pense que le socialisme nous a donné une manière de comprendre ce monde avec laquelle je suis plutôt d’accord. Je pense que l’Etat a un rôle à jouer pour protéger les classes les plus faibles. La chute du mur de Berlin a marqué la fin d’une époque. C’était symbolique. Il fallait qu’elle finisse. Vraiment.
Est-ce compliqué d’être écrivain dans un monde si bouleversé ?
Ce n’est pas un métier simple. D’ailleurs j’étais dentiste avant d’être écrivain. Je lutte contre toutes les formes de dictature par mes écrits. J’en suis donc la preuve vivante. Je suis d’ailleurs toujours interdit de séjour dans mon pays, l’Egypte, à cause de mes écrits. Mo dernier livre ne sortira jamais là-bas. On veut me trainer devant un tribunal militaire pour ce que j’ai écrit. Pourtant je n’ai rien fait de mal. Etre écrivain a toujours été très compliqué en ce sens. On confond les personnages d’un roman et l’auteur. J’écris parce que je ne suis pas d’accord avec une certaine forme du monde. Je sais qu’il y a un certain prix à payer pour cela.
Quel sera votre prochain livre ?
J’ai choisi de faire un essai sur le syndrome de la dictature. C’est une étude, une recherche sur les dictateurs du XXème siècle ce qu’ils ont en commun. J’écris en même temps un roman sur Alexandrie dans les années 60. C’était la fin d’une époque cosmopolite.
Propos recueillis par Robert Yvon, Nice-Matin