Iveta Slavkova a publié récemment eu article sur Wols qui aborde l’œuvre d’Audiberti et l’abhumanisme en contexte. Il s’agit du dernier numéro de la Revista de Historia da Arte publiée par la Nouvelle Université de Lisbonne. Voici le site. Ce numéro sera bientôt accessible en ligne. A suivre…
Bernard Fournier, notre Président, nous parle d’Iveta Slavkova, et de son livre remarquable : Réparer l’homme, la crise de l’humanisme et l’Homme nouveau des avant-gardes autour de la Grande guerre (1909-1929), Les Presses du réel, 2020.
Iveta Slavkova, professeur assistant en histoire de l’art à l’Université américaine de Paris travaille sur la crise de l’humanisme autour des deux guerres mondiales. Dans ce livre, elle étudie avec précision et force détails les deux principaux mouvements qui ont réfuté l’humanisme, avant et après la première guerre mondiale : le futurisme de Marinetti et le Bauhaus de Gropius et Schlemmer. Ces deux propositions artistiques visent à réparer l’homme moderne morcelé et désorienté, en générant un Homme nouveau dont la force spirituelle et la grâce physique prennent source dans une guerre mythifiée. Ces deux mouvements ont eu des répercussions qui ont préparé le terrain aux fascismes et ont valorisé la destruction vue comme régénérescence. Ils sont les derniers mouvements porteurs de l’humanisme issu de la Renaissance. Cet humanisme est devenu un anti-humanisme.
C’est à partir de cette analyse qu’Iveta Slavkova retient la leçon philosophique de l’abhumanisme d’Audiberti et de Camille Bryen, « réquisitoire virulent et haut en couleur contre une humanité installée confortablement dans des valeurs présentables et bien pensantes, mais vides (…) » Et de citer le principe même de l’abhumanisme : « l’économie de l’univers n’a aucune raison de se soumettre aux investigations humaines », tiré de L’Ouvre Boîte, colloque abhumaniste (Gallimard, 1952). Audiberti et Bryen pensent qu’il faut redéfinir l’homme dans l’univers et réviser les notions de ‘nature’ et d‘essence humaine’ à l’aune des catastrophes historiques.
On ne peut que citer la phrase de conclusion de ce remarquable et synthétique ouvrage : « L’analyse de leur [futurisme et Bauhaus] ‘erreur épistémologique’ pourrait même nous inciter -et cela est paradoxal au regard de leur foi en l’humanisme- à vouloir entreprendre une « cure d’amaigrissement du sujet » ».