Le 27 mars 2015 au Studio Raspail
« Vous devriez écrire plus direct, plus saisissant, plus boxeur » murmure Jacques Audiberti de sa voix sourde.
Il vient de lire à haute voix un article qu’un jeune journaliste appelé Claude Nougaro est venu lui soumettre. Nous sommes en 1954 à la terrasse des « Deux Magots » à Saint Germain des Près. C’est leur première rencontre. Jacques a 55 ans et Claude qui en a 25 va bientôt muscler son verbe sur les conseils de son nouveau maître puis passer du journalisme à la chanson et mettre le feu à une langue française revivifiée par un corps à corps serré avec le jazz, les tambours de l’Afrique et du Brésil.
A l’occasion des 50 ans de la disparition de Jacques Audiberti, Frédéric Pagès a célébré en chansons, textes et récits, cette belle et féconde amitié.
Chanteur-voyageur, Frédéric Pagès développe ses activités musicales entre la France et le Brésil.
Il pratique la chanson sous toutes ses formes mais il aime aussi les alliages atypiques entre les mots, les sons et les souffles, la mise en voix et en rythmes de textes littéraires, le choc du verbe et de la pulsation.
Aussi attentif à la densité et à la musicalité des paroles qu’à l’intensité des mélodies qui composent son répertoire Frédéric Pagès est toujours entouré par des musiciens de premier plan, davantage partenaires qu’accompagnateurs, issus du jazz et des musiques du monde.
Avec eux et dans diverses configurations, mêlant le chant, le récit et l’invocation il s’est produit notamment au Centre Pompidou et à la prison de la Santé, à la Cité de la Musique, sur les scènes de l’Apollo et du Dôme, et à l’espace 93 de Clichy-sous-Bois où il a lancé son CD « Lettre-Océan » mais aussi dans de nombreux festivals, en France et au Brésil.
Passionné de littérature, Frédéric Pagès a été initié à Audiberti par Claude Nougaro au cours de rencontres qui furent aussi de véritables « séances de travail » (sur l’écriture et l’interprétation des chansons notamment) qu’il a raconté dans un petit ouvrage Je te passe les consignes. Rencontres avec Claude Nougaro (Le Grand Babyl, Paris 2014)