Alarica pour le compte final !
Un, deux, trois, quatre… Elle compte les moutons sans dormir dans son dernier logement, dans la chambre frontalière couverte de givre et de neige. Alarica, qui veut être une épouse aimante et une digne reine sur le trône de l’occident d’un immense pays. – c’est comme ça que commence la pièce intitulée azrad a gazság. Le Mal court!!!
Nous dirons au revoir à la pièce le 22 mars 2022 . La pièce d’Audiberti sera jouée pour la dernière fois à partir de 19h00.
Bises à tous et, oui, au revoir Szombathely!
Interview:
La première question qu’on a envie de vous poser, pourquoi « Le Mal court », et pourquoi justement maintenant ?
– C’est une pièce merveilleuse. Tout en provoquant le rire, elle nous atteint aussi profondément que nos plus lointains souvenirs. Le texte est à la fois ludique et poétique, s’adressant aux parents, aux enfants, à chaque père et fille et à chaque mère et fils. Le thème central en est le mensonge. De combien de mensonges est payé le difficile passage à l’âge adulte? Et n’y a-t-il vraiment pas d’autre solution que de s’en accommoder ? Il faut faire un compromis. Accepter la nécessité pratique du mensonge, et sa réalité universelle. La pièce délivre un message d’une grande sagesse. C’est aussi un théâtre de sang, de mystère, riche en rebondissements, rempli d’amour, de sexualité, de sauvagerie et de poésie. J’ai eu l’impression de pétrir la pâte théâtrale d’une passion amoureuse, pour obtenir un film d’action historique. Le succès de la pièce doit également beaucoup à son titre si explicite, si vrai : Le mal court. On pourrait penser qu’il s’agit d’une sorte d’allusion politique, mais c’est beaucoup plus dérangeant que cela. Dans les marécages du mensonge, la politique elle-même s’enfonce.
La pièce d’Audiberti n’est pas très souvent jouée chez nous.
– Je l’ai vue au Nouveau Théâtre il y a vingt ans, avec Catherine Toth dans le rôle principal. Tout de suite, je suis tombé amoureux de la pièce et je savais que je la reprendrai un jour. Il me semble que l’actrice capable d’incarner le personnage d’Alarica est arrivée aujourd’hui parmi nous. Mari Dorottya est étudiante à l’université et obtiendra son diplôme de SZFE l’année prochaine. Le roi Parfait est joué par l’un de ses camarades du cours dramatique, László Márk Sipos, que les spectateurs de Szombathely ont déjà pu voir dans « Les garçons de la rue Pál ». Ils étaient tous les deux mes étudiants à l’université et j’étais heureux que le théâtre les invite pour toute la saison ; on pourra les revoir dans « Candide » et dans « La Mouette » également. Mais le reste du casting est impressionnant aussi, le duo que forment Nándor Jámbor et Éva Bálint, les portraits politiques que sont le Cardinal (Árpád Némedi) et le Maréchal (Zoltán Kelemen), ainsi que celui du vieux roi musicien joué par Róbert Orosz sont des figures suggestives et complexes. Une touche folklorique est apportée par le personnage du lieutenant, petit bonhomme éternellement en retard sur l’histoire, interprété par János Balogh. Le décor et les costumes ont été conçus par Ildikó Balla, dans un style pseudo-historique spécial aux formes roccoco. La musique d’Adrián Kovács (violon Dániel Keller) et les elfes dansants de la troupe d’Herman Flóra complètent ce jeu débordant de vie.
Ne manque-t-il pas une actrice de renom et emblématique, pour une telle entreprise ?
– Je ne pense pas que ce soit important à ce stade. Une équipe travailleuse et talentueuse s’est réunie – au sein de laquelle surgiront les grands noms et les stars de demain. Les comédiens sont à leurs tâches et à leur rôle. Je ne crois pas que nous devrions convoquer des célébrités justes à cause de leurs noms. Cela aurait également un effet démoralisant pour notre entreprise.
Quelles ont été vos impressions au cours des répétitions ?
– On a démarré comme si on avait déjà emmagasiné des mois de travail. En juin, après la première lecture, j’ai demandé aux comédiens d’apprendre la pièce tout l’été parce que c’est un texte tellement beau et difficile, qu’on ne peut pas essayer de le jouer avec une copie à la main. Tout le monde a appris, nous avons commencé par nous familiariser avec ce texte. C’est très bien de travailler ainsi, les acteurs comprennent les situations, ils ont beaucoup d’idées et de suggestions, et ils peuvent changer d’option et d’intention en quelques secondes. On rit beaucoup, les répétitions se déroulent dans la bonne humeur. Jacques Audiberti était un auteur presque inconnu pour nous – bien qu’il ait écrit six volumes de théâtre et publié vingt romans chez le plus prestigieux éditeur français, Gallimard. J’ai recommandé Le Mal court comme spectacle en prose pour cette saison, parce que je pense que les jeunes vont tomber amoureux de cette pièce, et qu’elle servira aussi de miroir à beaucoup de parents.
par Ráadás Magazin
d’après Laurent Ponty, administrateur de l’association