Bernard Fournier, Président de l’Association, résume la remise du Prix Jeune Audiberti 2020 le 16 octobre 2020
Le lauréat s’appelle Théo Griffiths ; il est mi anglais, mi français ; mi gardois, mi parisien ; mi littéraire, mi philosophe. Et cette triple ambivalence est déjà révélatrice d’un éclectisme qui aurait plu à Audiberti.
Notre lauréat, malgré son jeune âge, a déjà une culture impressionnante qui a charmé son auditoire, et notamment le lauréat du Grand Prix Audiberti, Frédéric Vitoux, lors de sa venue à Antibes le jeudi 16 octobre 2020.
L’adjointe au maire d’Antibes, déléguée à la culture, Simone Torrès Forêt-Dodelin, a présenté le Prix Jeune Audiberti ; Marie-Louise Audiberti avec Bernard Fournier, Président de l’Association des Amis de Jacques Audiberti, a ensuite indiqué que l’initiatrice de ce concours était Nelly Labère, maître de conférences HDR à l’Université de Bordeaux Montaigne.
Le jury a reçu une quarantaine de textes. Les candidats, en majorité des candidates, sont âgés de 18 à 20 ans, et viennent de presque toutes les régions de France avec une prédilection pour l’Île-de-France, les Hauts de France, et, pour la majorité, de la région PACA, avec cinq candidats pour la seule ville d’Antibes, ville natale d’Audiberti.
Le jury s’est rencontré par internet, physiquement et bien sûr, par courriels. Il a lu et relu les textes proposés, s’est enthousiasmé, a refusé, a repris, a convaincu, s’est laissé convaincre et s’est finalement décidé à l’unanimité pour « La Forme du jour » de Théo Griffiths, reçu à la toute dernière heure.
Notre lauréat est un jeune homme fort sympathique, cultivé, féru de littérature. Il prépare un master 2 à l’université de Paris-Sorbonne.
Le texte primé est morcelé, découpé en une vingtaine paragraphes de longueurs très variables, d’une seule ligne à une page. Et ce qui frappe et emporte d’emblée, c’est bien sûr le caractère essentiellement poétique de cet ensemble.
L’incipit donne le ton : « L’aube fraîche et lumineuse saigne entre les branches » avec une suite de phrases nominales qui renchérissent sur la poésie, telle ce « Ciel cru, ciel bleu, déverse ta rauque lumière sur la vallée, sur la vallée et sur la ville ». Répétition avec variations, rythme et cette étonnante alliance de sensations entre le son et la vue. Cet incipit sera repris pour clore le tout, enfermant le texte dans une entité unique.
Après cette évocation de l’aube, nous avons une vieille dame qui attend, et de nouveau, la lumière. Puis vient une rivière et un homme qui la regarde, et de nouveau, un spectacle d’été avec la « dure élégance des agaves » ; des individus sont rapidement croqués, jeunes filles et leur portable, des sans-abris, des livreurs de pizzas.
Un poème s’intercale qui prend les cimetières dans l’ « Immobilité des arbres, de l’herbe, de l’heure » où l’on souligne le rythme soutenu par les monosyllabes aux proches sonorités.
Le poète est attiré par « Tout ce qui nous échappe, tout ce que nous tentons avec insuccès de fixer » mais foudroyé par la « souveraineté de l’écriture ».
Le texte alors revient sur sa première phrase pour clore ses impressions poétiques.
Au total ce texte nous semble parfaitement maîtriser la prosodie pour donner au lecteur une sensation d’unité, unités de ton et de style.
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